363 348 migrants sont entrés l’année dernière en Europe par la Méditerranée, contre plus d’un million en 2015, selon des chiffres publiés hier. Explications d’une évolution qui reste fragile.
L’évolution est spectaculaire : le nombre de migrants rejoignant l’Europe par la Méditerranée a été divisé par trois en 2016 par rapport à l’année précédente. De plus d’un million, exactement 1 007 492, le flux s’est réduit à 363 348, selon les chiffres publiés hier par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Mais ce total dissimule des évolutions contrastées : chute des entrées par la Grèce, hausse par l’Italie, hausse également des arrivées en France.
En Grèce, le nombre d’arrivées a chuté de 853 650 à 173 561. La raison première est l’accord conclu en mars dernier avec la Turquie, qui a accepté de conserver sur son territoire les réfugiés d’Irak et de Syrie, moyennant auprès de l’UE six milliards d’euros d’aide et des facilités de visa promises aux Turcs.
En Allemagne, première destination des migrants, Angela Merkel avait pesé de tout son poids pour cet accord. À moins d’un an des législatives, sous pression des populistes, elle a promis à ses électeurs de diminuer le flux, et l’attentat du marché de Noël à Berlin ne peut que renforcer sa détermination. Mais l’accord avec la Turquie est fragile, aussi fragile que le régime du président Erdogan.
Les Balkans bloqués
La fermeture (relative) de la frontière grecque a fortement contribué à la chute des flux passant par la route des Balkans, de 764 000 à 123 000 selon les chiffres de Frontex également publiés hier. La création du corps européen de garde-frontières, qui a justement commencé d’être déployé à la frontière de la Bulgarie, a aussi freiné le flux.
Le nombre d’arrivants a cependant continué d’augmenter en Italie, de 153 842 à 181 436. Il n’est pas question ici de Syriens, mais de Nigérians, d’Érythréens, de Guinéens. L’ancien président du Conseil Matteo Renzi a maintes fois protesté contre l’absence de solidarité des Européens... Et la situation n’est pas près de s’améliorer. Les dirigeants européens n’ont pu que constater, au Conseil européen de la mi-décembre, leur incapacité persistante à s’entendre sur une répartition des réfugiés voulue par la Commission. La Hongrie, la Slovaquie et le Pologne bloquent, les autres en prennent prétexte pour traîner les pieds.
Légère hausse en France
En France, la pression migratoire a été plus forte en 2016 qu’en 2015, même si elle reste bien plus faible qu’en Allemagne. L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) prévoit environ 85 000 demandes d’asile sur l’année, soit une augmentation inférieure à 10 % par rapport aux 80 000 demandeurs d’asile de 2015.
Cependant, le nombre de dossiers enregistrés par l’Ofpra ne tient pas compte des migrants sous procédure Dublin susceptibles d’être renvoyés dans un autre pays européen, souvent l’Italie. Avec eux, le nombre de réfugiés arrivés en France en 2016 pourrait approcher les 100 000.
À noter que, si le flux des migrants entrant en Europe est en diminution, il n’en va pas de même du nombre de ceux trouvant la mort dans la traversée : il a en 2016 officiellement dépassé les 5 000. Mais c’est sans doute beaucoup plus.
07/01/2017, Francis BROCHET et Luc CHAILLOT
Source : ledauphine.com