Une des mesures concrètes issues de la rencontre-débat sur le thème «Les Marocains du monde, acteurs de développement», organisée dernièrement à Rabat dans le cadre du programme «Diasporas pour le développement» (Diapode), porté par l'ONG Enda Tiers-Monde, est la mise en place des rendez-vous de la diaspora.
«Nous allons organiser la première édition de cet événement avant fin juin», a lancé Souleymane Bah, coordinateur des programmes à Enda Maghreb. Diapode, un programme qui concerne le Maroc, Mali, Sénégal, Madagascar, Viet Nam et République Dominicaine, vise à impliquer les migrants de ces pays dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) pour 2015.
Aujourd'hui, les enjeux des évolutions de la migration marocaine (rajeunissement, féminisation, mobilité sociale) ont des conséquences en termes d'action dans le pays d'origine et devront être pris en compte pour penser le co-développement. «L'enjeu de Diapode est de valoriser les contributions des Marocains résidents à l'étranger (MRE) en termes de compétences et de savoir-faire mobilisables dans des stratégies pérennes de développement durable.
L'état des lieux, réalisé à la fois en France (étude Nord) et au Maroc (étude Sud) auprès des acteurs classiques de développement et de groupes de la diaspora marocaine, a mis en lumière une variété d'initiatives anciennes ou actuelles contribuant au développement durable des territoires d'origine», a indiqué Mélodie Beaujeu, chargée de mission «Migrations et diversité» à Enda Europe. Outre les différents domaines investis par les MRE, la question environnementale (assainissement, lutte contre la désertification, protection de la biodiversité, etc.) intéresse aussi les membres de la seconde génération des MRE. Les études mettent en lumière la reconnaissance croissante dont font l'objet ces savoir-faire. Dans ce sens, plusieurs collectivités locales françaises ont noué des partenariats avec des associations de ressortissants marocains dans le cadre de leurs projets de coopération décentralisée.
Pour la réussite des projets, il devient nécessaire d'associer les associations d'immigrés dans leur élaboration et ne plus considérer les REM seulement comme des pourvoyeurs de fonds. «Au Maroc des cadres de concertation sont mis en œuvre par les institutions spécialisées pour promouvoir la participation des MRE sur des thématiques ciblées. Les expériences prouvent que la méthodologie de concertation reste à améliorer notamment par une implication renforcée des migrants dans l'élaboration en amont des politiques de développement tant au niveau local que national», a jouté M. Beaujeu.
Sur ce registre l'expérience de l'association «Migrations et Développement» (M&D), est citée comme un exemple à suivre. Cette organisation non gouvernementale (ONG) a développé un réseau d'environ 400 villageoises marocaines et de 30 associations de migrants en France. Pour bénéficier de ses services, toute association villageoise au Maroc ou un village qui n'est pas structuré en association peuvent adresser une demande au bureau de M&D à Taroudant. Si le village n'est pas constitué en association, mais que le projet est faisable, cette ONG aide à la création de l'association villageoise, à l'organisation d'assemblée générale et à la nomination du comité. Parallèlement, une étude technique est réalisée pour savoir si le projet est réalisable. Si c'est le cas, M&D mobilise des ressortissants du village en France. Ils sont soit regroupés en association, soit une aide leur est apportée pour créer leur association.
Pour le financement des projets, les associations villageoises peuvent se diriger également vers le Programme de micro-financement du Fonds pour l'environnement mondial (PMF-FEM/Pnud) à Rabat.
79% des transferts consacrés à la consommation
Selon le Fonds monétaire international (FMI), l'Inde, le Mexique et le Maroc sont les trois pays en développement à recevoir le plus de transferts financiers de la part de leurs migrants. D'après le ministère des MRE, en 2007, les transferts ont été évalués à environ 57 milliards de dirhams. Ils ont connu une forte augmentation ces dernières années et représentent 9% du produit intérieur brut (PIB). 97% proviennent de l'Europe. Les transferts sont effectués à 62% par virements bancaires.
Ils sont utilisés à 79% pour la consommation locale, à 16% pour les dépôts bancaires et à 5% pour les investissements (dont 72% dans l'immobilier et 19% dans le commerce et les services, le reste dans l'agriculture.)
Source : Le Matin