vendredi 22 novembre 2024 04:53

L’Italie muscle sa politique envers les migrants

Alors que l’Italie a accueilli plus de 181 000 migrants en 2016, le gouvernement a présenté mercredi 18 janvier un nouveau plan sécuritaire pour les migrants.

En 2016, l’Italie a accueilli 181 436 migrants (+ 18 % par rapport à 2015), provenant à 90 % des côtes libyennes et dont le premier pays d’origine est le Nigeria (1). Parmi eux, selon le ministère de l’intérieur, 60 % ne sont pas éligibles au statut de réfugié. Aussi, le ministère de l’intérieur a annoncé que le plan pour les migrants, présenté mercredi 18 janvier, prévoit d’ajouter 14 centres d’identification et d’expulsion, aux 4 déjà ouverts, (sur 13 créés en 1998), et ce dans différentes régions.

Tous seront rebaptisés Centres de permanence pour le rapatriement (CPR). « Ils n’auront rien à voir avec ceux du passé », a assuré le ministre de l’intérieur, Marco Minniti. « D’une capacité de 100 places maximum, ces centres seront gérés de manière transparente et chapeautés par un garant des droits des migrants ». Seuls les adultes, n’ayant pas le droit de demander l’asile y seront reclus, douze mois au maximum.

Cette période de rétention devrait permettre aux autorités d’affiner les procédures d’identification et de préparer les rapatriements. Il s’agit d’un tour de vis sécuritaire qui entend aussi répondre aux craintes de la population, de plus en plus hostile à l’accueil indifférencié des migrants.

Rendre plus rapides les expulsions

Des accords à parfaire existent déjà avec l’Algérie, l’Égypte, le Maroc, la Tunisie et certaines zones du Nigeria. Des pourparlers sont en cours avec d’autres États africains qui, en échange d’aides, seraient prêts à accepter de reprendre les migrants.

Dans la pratique, très peu de rapatriements (un millier en 2016) ont été effectués en raison des coûts et de la complexité des procédures. Un projet de loi prochainement discuté au Parlement prévoit aussi que les migrants ne pourront faire qu’un seul recours, en cas de rejet de leur demande d’asile. L’objectif étant de rendre beaucoup plus rapides les expulsions.

De nouvelles obligations pour les demandeurs d’asile

À ce jour, moins de 20 % des 8 003 communes italiennes accueillent des demandeurs d’asile ou réfugiés. Un accord État-Régions-Communes prévoit une répartition territoriale plus harmonieuse, soit 3 réfugiés pour 1 000 habitants. Mais la grande nouveauté sera l’obligation pour les demandeurs d’asile d’effectuer des travaux d’utilité sociale ou, pour les diplômés, de faire des stages au sein d’entreprises conventionnées.

Jusqu’à présent, seul l’apprentissage de l’italien était obligatoire pour les demandeurs d’asile. Ce qui ne suffit pas pour leur donner une réelle opportunité de formation, de travail et d’intégration en Italie. Pour les mineurs, le gouvernement souhaite une nouvelle loi visant à mieux protéger les moins de 18 ans, non accompagnés. Elle est d’autant plus urgente que 25 846 d’entre eux sont arrivés en Italie en 2016, et que, parmi les 12 360 enregistrés en 2015, plus de 5 000 se sont évanouis dans la nature.

18/01/2017, Anne Le Nir

Source : La Croix

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