Il y a ceux qui défendent « le paysan de la Roya » et ceux qui fustigent son action auprès des migrants. Autour de l’emblématique Cédric Herrou, qui héberge des Africains qui ont traversé à pied la frontière italienne, se dessinent plusieurs France. Celle qui estime, à l’instar par exemple d’un Arnaud Montebourg, qu’il ne devrait pas être poursuivi pour avoir aidé des migrants. Celle qui, comme le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, assimile l’aide des citoyens de cette vallée à une « filière d’immigration clandestine ».
Cette ligne qui traverse l’échiquier politique, renvoie à une scission profonde dans la société. Directeur du département opinion publique à l’IFOP, Jérôme Fourquet identifie même « trois France », à y regarder de plus près. « Dans le rapport aux migrants, nous ne sommes pas dans du bilatéral, estime l’auteur de Accueil ou submersion, regards européens sur la crise des migrants (Edition de l’Aube, 2016). Nos concitoyens se partagent en trois groupes avec d’un côté les inconditionnels de l’accueil ; de l’autre les opposants à l’entrée d’étrangers. Et entre les deux, un large pourcentage de la population qui estime que ce qui arrive aux Syriens, Africains ou Afghans est terrible, certes, mais dont la crainte du terrorisme, du chômage ou du déclassement brise leurs velléités d’accueil. »
La taille des groupes varie, mais le découpage, lui, perdure. Depuis quelques mois, toute une série d’événements a précipité le « coming out » des uns et des autres…Suite