Les sondages le démontrent : le secrétariat d’État à l’asile et à la migration est devenu le poste en or pour devenir un politicien populaire.
Je ne sais pas vous mais si j’étais «ministrable», je réclamerais en priorité le poste de secrétaire d’État à l’asile et à la migration.
C’est un poste où vous ne pouvez que devenir populaire ! Si, si, c’est démontré. Mieux vaut s’occuper des migrants que de la mobilité ou du nucléaire. À condition évidemment de jouer sans jamais faillir la carte de l’intransigeance et de la froideur. En résumé, soyez le moins humain possible, jusqu’à la mauvaise foi. C’est très porteur !
La preuve par la trajectoire des deux derniers secrétaires d’État à ce poste.
Maggie De Block était quasiment inconnue en entrant au gouvernement Di Rupo. Elle faisait même sourire avec son apparente candeur et sa phrase devenue mythique «je vais faire mon possible».
Et en quelques années, la voilà qui devient «personnalité politique» la plus populaire dans les sondages, on parle de «Maggie superstar». Les gens adorent sa fermeté en matière de migration qui a l’apparence du bon sens et du «sans chichi». En fait, elle ne fait rien de spécial, elle applique les règlements de façon stricte et presqu’aveugle. Pas de vision, ni d’inventivité. Elle travaille sans compassion et remballe un max de demandeurs d’asile.
Et visiblement, ça plaît aux gens qui la trouvent «formidable». Elle devient même numéro 1 en Wallonie!
Nouvelle législature, et voilà Maggie De Block à la Santé. Comme elle est médecin généraliste, ça ne peut que lui convenir. Mieux encore que les migrants et les demandeurs d’asile.
Mais voilà. Sur la sécurité sociale, le remboursement de certains médicaments, le soutien aux victimes de maladies complexes, rares et de longue durée, le sort des étudiants en médecine continuellement dans l’incertitude, ses arbitrages qui semblent pro-flamands sur les numéros INAMI, l’opinion publique est nettement plus sensible, la constestation gronde, les professions médicales une par une lui deviennent hostiles.
Et soudain, la formule «magique» de Maggie (fermeté + zéro compassion) qui avait cartonné pour les réfugiés et autres demandeurs d’asile ne fonctionne plus. Plus du tout même. Il faut un certain temps évidemment pour qu’elle ne vacille de son piédestal. Mais mardi, elle n’est plus que 5e en Flandre et 18e dans le baromètre politique wallon. C’est la dégringolade!
Tout cela pendant que son successeur à la Migration, Théo Francken, lui, cartonne et touche au statut de superstar de la politique en Flandre, devançant son président de parti Bart De Wever.
Théo Francken, un autre débutant, propulsé par la N-VA au fédéral et qui déboule d’emblée avec une double étiquette de sympathisant des anciens pronazis flamands et de grand producteur de petites blagues racistes sur les réseaux sociaux.
Et le voilà en moins de trois ans numéro 1 en Flandre (9e en Wallonie) au baromètre politique paru ce mardi. La nouvelle superstar, c’est lui!
Grâce à quoi? Pas seulement grâce à une politique de rigueur et fermeté qu’on pourrait qualifié de raisonnables. Mais surtout grâce à des attitudes cyniques et provocatrices délibérées.
En point d’orgue, ce refus obstiné d’accorder des visas humanitaires à une famille d’Alep, au point de défier les juges et de surjouer la carte de la procédure, tout en tentant minablement de communautariser le débat. Tout cela pour la N-VA afin de séduire et rassurer cet électorat flamand très très à droite et qui fait des allers et retours avec le Vlaamse Block.
Secrétaire d’État à la migration? Un job plein d’avenir! Et qui peut booster une carrière.
Et avec l’émergence des Trump et autres Le Pen qui surfent sur «la peur de l’étranger», «l’invasion de migrants» et le repli nationaliste, la tendance ne devrait pas s’inverser à court terme.
Au prochain gouvernement fédéral, ils pleureront tous pour avoir le poste!
24/1/2017, Xavier DISKEUVE
Source : lavenir.net