La question de l'afflux de migrants africains en Europe depuis la Libye a été mardi soir au centre des discussions entre la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini et l'Envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler.
"La haute représentante de l'UE aux Affaires étrangères et la politique de sécurité a informé le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU des efforts globaux de l'Union pour relever les défis de la migration irrégulière le long de la route de la Méditerranée centrale, axés sur le sauvetage de vies en mer et la lutte contre les trafiquants et les passeurs", ont indiqué les services de Mogherini dans un communiqué.
La Libye, d’où partent de nombreuses embarcations des passeurs, est devenue "une priorité" pour l'UE qui cherche le moyen de réduire les traversées de la Méditerranée centrale, principale voie d'accès en 2016 pour plus de 180.000 personnes, selon l'OIM.
Lors de cet entretien avec l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Mogherini a souligné, d'ailleurs, "l'importance d'aider les migrants", en "les protégeant" et "en s'engageant auprès des autorités libyennes et des organisations internationales à améliorer les conditions des migrants en Libye".
La chef de la diplomatie européenne a mis l'accent également sur l'importance de "promouvoir la gouvernance des migrations en Libye tout en s'attaquant à ses causes profondes".
Les Européens veulent s’inspirer de l'accord conclu en mars dernier avec la Turquie et négocier un accord similaire avec la Libye pour tenter de freiner l'afflux en Europe des migrants, notamment africains.
Un document interne élaboré par le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) dont des extraits ont été publiés en mai dans la presse, esquissait déjà un projet d’accord avec le nouveau gouvernement libyen pour stopper la traversée des migrants vers l’Italie.
Dans le cadre d’une coopération avec l'UE, les autorités libyennes pourraient ainsi mettre en place des "centres d’accueil temporaires pour migrants et réfugiés", est-il préconisé dans le document qui souligne la possibilité d'"envisager la création de centres de détention".
Cependant, cet accord n'est pas envisageable pour le moment compte tenu de la "fragilité" du gouvernement libyen d'union nationale dirigé par Fayez Essaradj.
En attendant, l'UE compte sur sa mission navale "Sophia" pour arrêter les migrants juste après qu'ils aient entamé leur traversée pour l'Europe.
La chef de la diplomatie européenne et l'envoyé spécial du SG de l'ONU pour la Libye ont, d'ailleurs, évoqué lors de cet entretien "la formation des gardes- côtes libyens dans le cadre de l'opération EUNAVFOR MED Sophia", ont souligné les services de Mogherini.
Près de 80 candidats ont été retenus pour participer à la formation des gardes-côtes libyens en vue de contribuer à l’opération Sophia, initiée par l’UE pour lutter contre les passeurs et les trafiquants de migrants en Méditerranée, lancée fin octobre 2016.
Cette mission a pour mandat principal d'identifier, de capturer et de neutraliser les navires et les embarcations ainsi que les ressources qui sont utilisés ou soupçonnés d'être utilisés par des passeurs ou des trafiquants de migrants, afin de démanteler le modèle économique des réseaux de passeurs et de trafiquants d'êtres humains dans la partie sud de la Méditerranée centrale.
Par ailleurs, Mme Mogherini et M. Kobler ont échangé leurs points de vue sur la situation politique et sécuritaire en Libye et sur les initiatives régionales pour soutenir une solution politique et inclusive dans le pays.
"Ils ont discuté des perspectives d'intensification de la coopération pour appuyer une telle solution qui devrait être au bénéfice de tous les Libyens. A cet égard, ils ont discuté de la coopération entre l'UE et les Nations unies, ainsi que celle des autres acteurs régionaux, afin de surmonter les obstacles et trouver une solution négociée aux nombreux défis auxquels la Libye est confrontée", a-t-on ajouté.
25 jan 2016
Source : APS