mercredi 3 juillet 2024 12:41

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Ces Marocains qui ont réussi au Québec

Jeudi 22 avril. Il était à peine 15h00 quand nous sommes descendus du métro à la station Jean-Talon pour aller à la rencontre de nos compatriotes qui vivent dans l'arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, appelé également le «petit Maghreb».

C'est en septembre 2009 que la Ville de Montréal a attribué ce nom à ce quartier de la portion de la rue Jean-Talon, allant du Boulevard Saint-Michel au Boulevard Pie IX. Quelque cinq mille personnes, issues principalement de la communauté maghrébine, y vivent. Ce quartier est géré par une association qui porte son nom dont les membres veulent que le «petit Maghreb» devienne une destination commerciale et touristique au même titre que le quartier chinois ou la petite Italie. Premier «Petit Maghreb» au monde, ce tronçon s'est affirmé au fil des ans comme le lieu de rassemblement de la communauté maghrébine de Montréal, qui compte plus de 45.000 immigrants d'origine marocaine. Plus d'une centaine de commerces y ont pignon sur rue, dont la moitié est liée à la culture d'Afrique du Nord, surtout dans les domaines de l'alimentation avec des pâtisseries arabes, des salons de thé et des boucheries fines.

Quelque 4871 Marocains se sont installés au Québec durant l'année 2009 selon la Direction de la recherche et de l'analyse prospective du ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles canadien. Les Marocains se classent en deuxième position des arrivées derrière les Algériens avec 5072 personnes. Le Royaume est suivi des Français au nombre de 2554 personnes et de la Chine avec 2257 arrivées. Au total, le Québec aura accueilli 49.489 migrants l'année dernière contre 45.198 en 2008. 72,3% d'entre eux désiraient s'installer à Montréal. Parmi eux, Mohamed Khadir, commerçant d'origine marocaine, est le premier que nous avons pu rencontrer. Dans sa boutique, on ne trouve que de l'alimentation marocaine. «Pratiquement tout vient du Maroc », nous déclare-t-il avec grande fierté.

Etabli depuis 1986 au Québec, il témoigne : «Dans notre quartier, on peut manger un couscous, acheter des produits de l'artisanat maghrébin, visiter une galerie d'art ou même regarder un match de football canadien (curling) ou de hockey sur glace. Considéré comme le sport national, ce dernier est le sport favori des Canadiens». Il faut noter que les gens, en arrivant au Canada, pensent à améliorer leur situation mais malheureusement la réalité est tout autre. Les statistiques montrent que cela prend en moyenne deux ans et demi pour qu'un Maghrébin trouve son premier emploi au Québec. Il y a 28 % de chômage chez les immigrants maghrébins.

Il n'en demeure pas moins que cette réalité ne s'applique pas à la totalité, il y a quand même certains Marocains qui ont très bien réussi. Parmi eux, Abdelghani Dades, journaliste, membre du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME). Installé depuis 2002 à Montréal, A. Dadès nous a affirmé que les membres de la communauté marocaine établie à Toronto et à Montréal, Ottawa et au Québec, à Sherbrooke et au Gatineau, sont à 95 % francophones et à 66 % titulaires de qualifications académiques et techniques de haut niveau. Parmi eux, 25 familles vivent dans le pôle nord et travaillent dans l'exploration pétrolière.

A. Dades qui est également fondateur du groupe Atlasmédias (Radio la voix des Marocains et journal Atlasmédia) , membre du réseau «Droits et Démocratie» Canada et membre de la table Maghreb du ministère québécois de l'Immigration et des communautés culturelles, souligne que trois vice-doyens des universités canadiennes et de 150 à 400 professeurs de l'enseignement supérieur sont d'origine marocaine. Il y a même une députée québécoise d'origine marocaine, Fatima Houda Pepin, qui a reçu les insignes de chevalier de la Légion d'honneur française. Plus loin, au Boulevard de l'Acadie, Dr. Halima Serrar, présidente d'un centre médical et esthétique appelé «Zinasanté» nous a accueillis avec un grand sourire dans sa clinique. Il s'agit du 1er hammam méditerranéen de bien-être et d'un centre de recherche clinique.

Une fierté 100% marocaine. Entièrement décoré de meubles et tapis marocains, le centre médical, qui a choisi pour concept le spa, raconte toute l'histoire arabo-musulmane et les traditions du Maroc. L'hospitalité marocaine oblige, un verre de thé et des gâteaux marocains nous ont été offerts.

Docteur en médecine générale depuis 1991, possédant également un Ph.D. en pharmacologie, Halima Serrar a évolué dans le milieu de la recherche clinique avant de fonder ce concept innovateur.

Son intention est de faire combiner les bienfaits d'un programme de remise en beauté avec une conscience clinique et médicale, le tout sous une approche multidisciplinaire: médecin, psychothérapeute, naturopathe, massothérapeute, chirurgie plastique et gynécologie.

Pour mener à bien sa mission, elle est accompagnée par ses deux frères docteurs Jamal et Mohcine Serrar.

Ce dernier a reçu, en décembre dernier, une médaille de la Fondation Clinton pour ses travaux de recherche dans le domaine de la médecine. Le centre emploie un grand nombre du personnel médical et paramédical majoritairement marocain. Par ailleurs, le Réseau des femmes d'affaires marocaines du Canada (REFAC), présidé par Malika Ezzine, est très actif. Il s'agit d' un organisme sans but lucratif, fondé le 29 novembre 2004 à Montréal sous le nom de "Association de Femmes Marocaines du Canada (AFMC)". Il regroupe des femmes entrepreneurs, femmes en affaires, femmes universitaires et professionnelles.

Non loin du «petit Maghreb» et plus exactement à Beaubien Est de Montréal, Driss Slaoui, secrétaire général du Congrès marocain du Canada (CMC) dans la région du Grand Montréal, nous informe que la démarche pour la création du Congrès des Marocains du Canada a connu son aboutissement le 27 mars 2010, avec la tenue de l'assemblée générale pour la constitution des instances décisionnelles de l'Association. Cette structure fédérale comprend des délégués des structures locales de Montréal, Toronto, Québec, Ottawa, Gatineau et Sherbrooke.

«L'association élabore un plan d'action qui tracera toutes ses perspectives et ses activités», souligne-t-il. Etabli depuis une quinzaine d'années au Canada, D. Slaoui ajoute que l'objectif est de «défendre de manière unifiée et efficace les intérêts de la communauté marocaine au Canada en fournissant l'appui nécessaire au mouvement associatif au Canada et en favorisant la promotion de l'identité culturelle marocaine dans sa richesse et sa diversité, la défense des droits des personnes originaires du Maroc aussi bien dans le pays d'accueil que dans le pays d'origine, et en renforçant les liens économiques et socioculturels entre le Maroc et le Canada». «Nous allons travailler pour avoir une bonne visibilité sur la communauté marocaine établie au Canada et pour défendre ses intérêts.

Le but est de garder les liens de toutes les générations futures avec leur pays d'origine», indique pour sa part Mohammed Jaouad, directeur des projets spéciaux et président du CMC-section Montréal. M. Jaouad est établi depuis une vingtaine d'année au Québec, après avoir servi en sa qualité de technicien dans les phosphates à Safi, Laâyoune et Casablanca. Après avoir obtenu un diplôme en électronique, il a immigré au Canada où il dirige aujourd'hui d'une main de fer un grand nombre de taxis qui regroupe quatre compagnies et assure aujourd'hui 25% du réseau du Québec.

Et pourtant, M. Jaouad n'était pas destiné à tenter l'aventure, car il était directeur d'une entreprise de construction mécanique de précision. A son installation à Montréal en 1989, il se convertit dans le taxi. Ce secteur emploie dans la seule ville de Montréal, quelque 12.000 personnes. Natif de la région des Doukkala-Abda, il est devenu avec un autre opérateur, du nom de Dory Saliba, les actionnaires principaux dans une des grandes compagnies de la place. Les deux opérateurs connaissent bien le secteur puisqu'ils étaient chauffeurs appointés, propriétaires et gestionnaires d‘entreprises de transports urbains légers.

Avec ces acquisitions, le groupe de M. Jaouad s'est constitué une flotte de 450 véhicules opérant dans le Grand Montréal métropolitain et un effectif de 1164 employés et chauffeurs. Aujourd'hui, il envisage d'emporter son expérience et son savoir faire vers son pays d'origine où il compte investir dans les villes de Marrakech et Rabat. Pour sa part, Ahmed Mendili, un autre Marocain établi à Montréal a eu l'idée de combattre le fléau des accidents de la circulation. Il est administrateur de la Fondation "Tarik Assalama" créée après la mort tragique de son fils Tarik, 32 ans. Il était en visite chez sa famille à Casablanca, en octobre 2009, quand il a succombé à ses blessures suite à un accident de voiture.

Le père de la victime crée cette Fondation, qui opère aussi bien au Maroc qu'au Canada, «afin que la mort de tous les Tarik ne reste plus une simple statistique, mais contribue à réveiller les consciences endormies ! », s'indigne-t-il. «La Fondation se propose de sensibiliser contre le fléau des accidents de la circulation s'investit en tant qu'acteur dans la prévention des accidents de la route», témoigne A. Mendili.

Du côté des jeunes, issus de la 2e génération, Salim Idrissi assume la responsabilité d'attaché politique du député de Westmount-Saint-Louis, vice-président de l'Assemblée nationale du Québec. Il était déjà consultant en affaires publiques et communications à la Fédération des chambres de commerce du Québec, coordonnateur des communications (commission-jeunesse) au Parti Libéral du Québec et représentant régional de Montréal-Sud au Parti Libéral du Québec.

Natif de Rabat, S. Idrissi a obtenu son diplôme d'enseignement supérieur en sciences politiques à l'Université de Condordia avant de se lancer dans la politique.

Source : Le Matin

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