C'est un sujet sur lequel le ministre de l'Immigration, Eric Besson, travaille depuis longtemps. Déjà auteur d'un rapport sur le codéveloppement en 2008, dans lequel il abordait le sujet des transferts de fonds des migrants, il a réuni hier 17 organismes bancaires en vue de faire baisser les commissions exigées lors de ces transferts.
Selon les chiffres du ministère, ces commissions avoisinent le plus souvent les 8 à 10 % de la somme envoyée, et peuvent aller jusqu'à 20 % dans certaines banques. L'envoi de 100 euros vers l'Algérie (d'espèce en espèce et en instantané) coûte ainsi 19 euros en passant par La Banque Postale et 8 euros via l'organisme Money Gram. Ces taux, qui peuvent donc varier du simple à plus du double, sont jugés excessifs par Eric Besson. Ils rapportent aussi beaucoup d'argent aux banques car le montant des fonds transférés par les migrants depuis la France vers leur pays d'origine s'élevait à 8 milliards l'an passé.
« Bons et mauvais élèves »
L'objectif fixé par le ministre est de faire baisser de moitié le niveau de ces commissions d'ici à cinq ans. Pour y parvenir, pas de mesure contraignante. Eric Besson préfère parier sur les vertus de la transparence et de la concurrence en mettant en ligne, en partenariat avec l'Agence française du développement (AFD), un tableau comparatif des différents tarifs pratiqués par les banques vers 21 pays de destination. « Ce tableau sera mis à jour en permanence, assure-t-on au cabinet du ministre, et il permettra de distinguer les bons élèves et les mauvais. » Une mise au ban que certains experts nuancent toutefois car le montant des commissions est très variable selon le service rendu. Si le migrant accepte que son transfert soit différé de vingt-quatre ou quarante-huit heures, le coût peut être divisé par deux. De même, les transferts de compte à compte sont beaucoup moins onéreux que d'espèce à espèce. Certains organismes bancaires font enfin valoir l'important maillage territorial de leur réseau qui représente un service supplémentaire, et donc un coût.
En faisant baisser le coût des transferts, les autorités publiques espèrent aussi rapatrier une partie des flux informels vers les réseaux bancaires. Selon un spécialiste des migrations à l'AFD, « la plupart des transferts se font de manière informelle ». D'où la difficulté d'évaluer la contribution des capitaux envoyés par les émigrés au développement de leur pays d'origine.
Autre objectif assigné aux banques par le ministre : mieux valoriser l'épargne dite de « codéveloppement ». Depuis la création du compte épargne codéveloppement en 2007, on en dénombre une vingtaine à peine. Un chiffre dérisoire au regard des enjeux, qui s'explique notamment par le faible taux de rémunération proposé par les banques.
Source : Les Echos