vendredi 22 novembre 2024 20:49

Les marocains de l'étranger face aux défis posés par l'éducation de leurs enfants

Pour bon nombre de Marocains résidant à l’étranger, l’éducation des enfants n’est nullement une tâche aisée. les parents sont appelés à sauvegarder les valeurs du pays tout en s’ouvrant sur la culture du pays d’accueil pour une meilleure intégration de leur progéniture. Un véritable dilemme pour les familles !

Souad T., 32 ans, en est un exemple concret. Elle s’est installée à Nantes depuis deux ans avec son mari et leur fils de trois ans et demi.

"Mon fils est venu en France à l’âge d’un an et demi. Il connaissait parfaitement l’arabe", dit-elle. "Aujourd’hui, il parle très bien le français et il a tendance à oublier sa langue maternelle car il va régulièrement à l’école. J’ai peur, quand il grandira, qu’il reniera ses origines. Mais, je veux en même temps qu’il s’intègre complètement dans sa nouvelle société."

Souad n’était pas préparée à vivre cette situation car elle n’a jamais pensé avant son mariage à fonder un foyer dans un autre pays que le Maroc. Pour elle, la tâche est d’autant plus difficile car elle aussi doit s’intégrer en France.

Pour traiter ce problème que doivent affronter les marocains expatriés (Marocains résidant à l'étranger, ou MRE), Abdellah Boussouf, secrétaire-général du conseil de la communauté marocaine à l’étranger a convoqué un colloque sous le thème "la situation de l'enfant marocain dans l'émigration".

Boussouf a déclaré à l'occasion de cette conférence qui s'est conclue le 14 mai à Fez que l'éducation des enfants marocains expatriés " nécessite un effort supplémentaire dans le but d'améliorer les méthodes et le contenu de l'enseignement de la langue arabe dont il bénéficie".

L'universitaire algérien Said Ouachria, invité lors de ce colloque, pense que la situation est complexe et nécessite une grande réflexion.

"Si l’enfant résidant à l’étranger ne réussit pas à s’intégrer et se sent en même temps loin de ses origines où il peut se ressourcer, il vivra dans l’ombre d’une personnalité déchirée et déséquilibrée", déclare-t-il.

Pour le sociologue Touhami Benadir, un grand effort incombe à la société civile pour créer des forums de rencontres et de réflexions afin que les familles résidant à l’étranger puissent y trouver conseil et orienter leurs vies.

"Il faut rechercher les moyens d’accompagnement des familles dans l’éducation de leurs enfants pour que ces derniers vivent avec sérénité leur double culture et soient de bons citoyens tant pour le pays d’accueil que d’origine", a-t-il dit lors de son intervention à Fez.

De son point de vue, l’objectif est d’arriver à construire des personnalités à l'aise avec leur double identité et riches en expériences. Il affirme que beaucoup de MRE nés à l’étranger n’arrivent pas à vivre en paix et à concilier entre les deux cultures.

C’est le cas de Rachida, âgée de 39 ans, qui est revenue à Casablanca il y a 4 ans après avoir vécu en France.

"Je vis seule alors que j’ai toujours rêvé de fonder une famille", dit-elle. "Mais je ne pouvais pas me marier avec en Français car de par ma religion, il est interdit d’épouser un non-musulman".

" Je suis rentrée au Maroc pour trouver l’âme sœur. Mais cette quête est très difficile", déclare-t-elle à Magharebia. "Je ne me retrouve pas totalement dans la culture marocaine et les hommes que j’ai rencontrés ne m’acceptent pas telle que je suis. Je vis difficilement ma double culture."

Source : Almagharibia

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