"Il y a des opportunités dans ce secteur" de clients sans compte en banque, "qui constituent la base de la pyramide", explique M. Mwami en soulignant que les usagers de ces services ont peu de ressources et n'ont donc pas les moyens pratiques ni financiers d'avoir un compte en banque. Un facteur qui explique aussi le succès de l'opérateur Safaricom, au Kenya. Lancé il y a deux ans, son programme de transfert d'argent et de paiement par téléphone portable est passé de 52.000 usagers en avril 2007 à 9,7 millions d'usagers en avril 2009. "Beaucoup de gens ont accès à la technologie du téléphone portable, mais pas à un compte en banque classique", rappelle pour sa part Franco Gresse, gestionnaire du service eWallet de la banque sud-africaine FNB. Quelque 130.000 dollars (103.300 euros) sont envoyés chaque jour par les usagers de ce service, en grande partie vers leurs familles restées à la campagne. FNB s'appuie sur son réseau de 4.300 distributeurs de billets en Afrique du sud. L'argent est envoyé vers un détenteur de téléphone, qui, en tapant son numéro sur le distributeur, peut retirer la somme sans utiliser ni carte ni code secret. Au Kenya et en Ouganda, où quelque 60% des sommes sont envoyées vers les zones rurales, les infrastructures bancaires sont moins développées, et la distribution se fait par le biais des petits commerces. Convaincre les petits commerçants de remettre de l'argent sur la base d'un SMS a d'abord été très difficile, reconnaît Richard Mwami, mais une fois leurs réticences vaincues, il a pu être mis en place "dans chaque petit recoin" de l'Ouganda. "Une fois qu'on a réussi à convaincre (nos vendeurs de cartes prépayées), on a pu se lancer", se souvient-il. Avec l'engouement, la concurrence aussi augmente. Outre le microcrédit, qui tente nombre d'opérateurs, Safaricom étudie également la possibilité de régler les primes d'assurance par SMS. Notons que la Banque africaine de développement le gouvernement français et le Fonds international de développement agricole (FIDA) ont lancé, le 23 octobre dernier, à Paris, un fonds fiduciaire multilatéral dédié aux transferts de fonds des migrants. Administré et géré par la BAD, ce fonds, avec une dotation initiale de plus de 6 millions d'euros, est ouvert à d'autres donateurs (Etats ou institutions).
Il vise à fournir des financements pour l'amélioration des connaissances sur les transferts des fonds des migrants en Afrique, par la réalisation d'études thématiques et sectorielles ; l'amélioration des cadres règlementaires et des conditions de transfert, visant une réduction des coûts de transfert, offrir des produits financiers répondant mieux aux besoins des migrants et de leurs familles, encourager les diasporas à investir dans les projets productifs individuels et dans le développement local des pays d'origine des migrants. L'Afrique reçoit chaque année près de 40 milliards de dollars de fonds en provenance du monde entier, transférés par ses migrants. Un récent rapport du fonds international de développement, agricole, publié récemment, estime toutefois que ces montants pourraient être nettement supérieurs si certains obstacles venaient à être levés. Le principal concerne le coût élevé des transferts facturés par les sociétés de transfert. Les plus importantes sont western union et Money Gram. Selon le rapport, elles contrôlent près de 65% des points de paiement où les envois de fonds sont encaissés. Ce qui est énorme. Mais le plus grave est qu'elles imposent des coûts de transfert très élevés. Dans certains pays d'Afrique, les montants des commissions peuvent atteindre jusqu'à 25% du montant transféré. Il est également utile de relever que selon la Banque Mondiale, près de 9 milliards d'euros ont été envoyés par des travailleurs immigrés en France vers leurs pays d'origine en 2007. Les flux partants de France sont principalement destinés à l'Algérie, au Mali, au Maroc, au Sénégal, à la Tunisie et aux Comores. Une somme que la crise est cependant venue affecter. Les transferts de fonds ont baissé de 6,1% en 2009.
Source : Le Maghreb