Le projet a été approuvé par le conseil municipal de New York, mardi soir. Ses partisans voit dans ce futur bâtiment un symbole de tolérance. Ses détracteurs dénoncent une insulte faite aux victimes du 11 septembre 2001.
Après quatre heures d'âpres débats, mardi soir, le conseil municipal de New York a fini par approuver la construction d'un centre culturel islamique à deux "blocs" de "Ground Zero", lieu des attentats du 11 septembre 2001.
Le complexe de verre et d'acier comprendra une salle de sport, un théâtre et une mosquée, répartis sur plusieurs niveaux, dans une rue laissée relativement à l'abandon actuellement. L'imam Feisal Abdul Rauf, qui dirige l'organisation musulmane à l'origine du projet, parle même d'une crèche.
Ce vote a été acquis par une forte majorité de 29 voix pour, une contre et dix abstentions. Purement consultatif, il a cependant permis de prendre le pouls de la communauté, estime le New York Times. Car ce projet ne fait guère l'unanimité chez les New Yorkais.
Ses partisans soutiennent que la "Maison Cordoba" aidera à surmonter les stéréotypes négatifs dont continue à souffrir la communauté musulmane de la ville depuis les attaques contre les gratte-ciel du World Trade Center, qui avaient fait quelque 3000 morts.
"Je pense que nous avons atteint un moment où certaines émotions commencent à être évacuées", a estimé Daisy Khan, une des responsables du projet. "Il n'y a rien de semblable au Etats-Unis", s'enthousiasme l'imam Rauf. "Cela sera un centre pour tous, pas seulement pour les musulmans".
Les musulmans américains sont de plus en plus pointés du doigt, tant par l'opinion publique que par les services de sécurité comme pouvant être à l'origine d'actes de terrorisme. Un sentiment que n'a pas estompé la récente tentative d'attentat à la voiture piégée à Time Square, dont l'auteur présumé est un Américain musulman d'origine pakistanaise.
Mais en raison du choix du lieu, à deux pas de "Ground Zero", le projet est davantage vu comme une provocation. Un "crachat au visage de tous ceux qui sont morts le 11-Septembre", écrit Blitz, un journal qui se décrit comme "antijihadiste". Les opposants ont même lancé leur site Nomosquesatgroundzero.
"C'est le mauvais quartier pour construire la mosquée", fait valoir Scott Rachelson, 59 ans, qui travaille avec des personnes réclamant des indemnisations pour des dégâts liés aux attentats. Même argument dans la bouche de C. Lee Hanson, 77 ans, dont le fils Peter est mort le 11 septembre 2001. Interrogé par le New York Times, il explique que "la douleur ne s'estompe pas. Si je lève les yeux à cet endroit et que je vois une mosquée, cela me fera mal."
Comme beaucoup de riverains ou de proches de victimes, il ne refuse pas un tel bâtiment à Manhattan. Simplement, il n'en veut pas si près d'un lieu si symbolique. Et redoute qu'un centre musulman n'attire les manifestants, là où ne devrait régner que sérénité et recueillement.
Source : L’Express.fr