L'expérience du Maroc en matière de lutte contre l'immigration clandestine et la traite humaine ont été au centre d'une rencontre, tenue jeudi au Caire, avec la participation de responsables judiciaires marocains et égyptiens.
Intervenant lors de cette rencontre, initiée sous le thème "les défis des engagements internationaux en matière de lutte contre la traite humaine et l'immigration clandestine", le premier président de la Cour suprême, M. Mustapha Farès a fait état d'une recrudescence, au cours des dernières années, des crimes liés à ces phénomènes.
Il a souligné l'impact négatif du phénomène qui s'est propagé au cours des dernières décennies et qui commence à susciter des interrogations sur ses motifs et les mesures pour y faire face.
Revenant sur la question de l'immigration illégale, M. Farès a noté qu'il s'agit d'un phénomène qui commence à se répercuter négativement aussi bien sur les pays d'accueil, émetteurs que de transit.
Tout en faisant état de l'émergence de réseaux organisés d'immigration irrégulière, le premier président de la Cour suprême a rappelé les efforts déployés par les pays de transit, comme le Maroc, pour lutter contre ce phénomène.
Lors de cette rencontre, organisée conjointement par la Cour suprême et la Cour de cassation égyptienne, le responsable marocain a souligné que le succès de ces actions est tributaire de la mise en place d'un cadre juridique plus approprié permettant la régularisation de la situation de ces migrants qui vivent dans des conditions difficiles en raison de leur séjour illégal.
Il a mis l'accent sur l'importance de ce genre de rencontres dans le renforcement de la coopération entre les institutions judiciaires marocaines et égyptiennes à travers notamment la promotion de l'échange d'informations et de recherche en matière de protection des droits de l'Homme, de respect des garanties d'investissements, ainsi que les jurisprudences sur le blanchiment d'argent, la protection judiciaire, la lutte contre la cybercriminalité et la protection juridique et judiciaire de l'environnement.
Passant en revue les efforts déployés par le Maroc en matière de lutte contre l'immigration clandestine, le procureur général du Roi près la Cour suprême, M. Mostafa Maddah a, quant à lui, fait savoir que, de par sa position stratégique en tant que passerelle vers l'Europe, le Maroc est devenu une destination privilégiée comme pays d'accueil ou de transit vers la rive nord de la Méditerranée pour les flux migratoires illégaux.
Dans le même ordre d'idées, il a mis l'accent sur "l'arsenal juridique moderne" et les mesures administratives et judicaires mis en place par le Royaume pour lutter contre ce phénomène tout en veillant au respect des droits de l'Homme et à la garantie du droit à un procès équitable.
Dans le cadre de la participation de la société civile dans les efforts de lutte contre l'immigration clandestine et la traite humaine, le responsable a rappelé l'approbation et l'adhésion du Maroc à plusieurs accords et protocoles internationaux, dont les dispositions sont devenues une partie intégrante de l'arsenal juridique national.
Dans ce sens, M. Maddah a appelé à la conjugaison des efforts de tous les Etats et organisations internationales et à une coordination accrue en vue de sensibiliser l'opinion publique nationale aux dangers que représentent ces réseaux illégaux.
Pour sa part, le ministre d'Etat égyptien pour les Affaires juridiques et les conseils législatifs, Moufid Chéhab, a indiqué que les bénéfices réalisés de l'exploitation des enfants et des femmes sont estimés à 28 milliards de dollars annuellement.
Le responsable égyptien a ajouté que la crise économique mondiale a conduit également à l'augmentation des activités de traite humaine à travers le monde, faisant état de 12,3 millions de victimes chaque année de travail forcé, d'exploitation sexuelle, de mariage forcé et de mendicité.
Lors de ce colloque, organisé dans le cadre de la mise en oeuvre de l'accord de jumelage signé entre la Cour suprême et la Cour de cassation égyptienne, les autres intervenants ont mis l'accent sur la recrudescence des phénomènes d'immigration clandestine et de traite humaine, classés, selon l'ONU, au troisième rang des commerces illicites dans le monde après le trafic d'armes et le trafic de drogue.
Cette rencontre, à laquelle ont assisté l'ambassadeur du Maroc au Caire, M. Mohamed Faraj Doukkali, le Président du conseil du peuple égyptien, M. Fathi Sorour et le président de la Cour de cassation, Adel Abdul Hamid, a été l'occasion aussi pour MM. Abderrahmane Mesbahi, Hassan Marchan et Hassan Kadiri, présidents de chambres à la Cour suprême de mettre l'accent sur les efforts du Maroc en matière notamment de lutte contre l'immigration clandestine et de protection juridique des victimes des crimes de traite humaine et d'immigration illégale.
Source : MAP