Le ministre de l'intérieur et ancien ministre de l'immigration, Brice Hortefeux, a été condamné vendredi 4 juin à une amende de 750 euros pour avoir tenu en septembre 2009 des propos jugés "outrageants" envers les personnes d'origine arabe.
"M. Hortefeux a décidé d'en faire immédatement appel", a déclaré dans la foulée l'un de ses conseils, Me Nicolas Bénoit.
"C'est une grande grande victoire pour la justice et contre le racisme", lui a répondu Me Pierre Mairat, l'avocat du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples. Partie civile, le Mrap s'est vu octroyer vendredi 2.000 euros de dommages et intérêts.
L'avocat a également salué l'attitude du tribunal, qui "n'a pas ménagé ses mots pour stigmatiser la gravité de ces propos (...) absolument inadmissibles".
"Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes"
La polémique est née en septembre, avec la diffusion par lemonde.fr d'une vidéo où Brice Hortefeux tenait des propos ambigus pendant qu'il posait avec un jeune militant, Amine, né de père algérien, lors de l'université d'été de l'UMP à Seignosse, dans les Landes.
Dans l'échange incriminé, une militante expliquait au ministre qu'Amine mangeait du cochon et buvait de la bière, ce à quoi il a rétorqué : "Ah mais ça ne va pas du tout, alors, il ne correspond pas du tout au prototype". Il a ensuite ajouté : "Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes".
Interrogé sur ces propos, Brice Hortefeux avait assuré n'avoir voulu faire "aucune référence à une origine ethnique, maghrébine, arabe, africaine et ainsi de suite". Plus tard, il avait laissé entendre que les propos incriminés concernaient les Auvergnats.
"Des personnes "présentées négativement, du seul fait de leur origine"
En dépit d'un jugement très critique à l'égard du ministre, la 17e chambre correctionnelle, présidée par Joël Boyer, l'a relaxé pour la première phrase. Si ce propos, "de nature à favoriser les idées reçues", est "contestable" dit le tribunal, il "ne saurait être regardé comme outrageant".
En revanche, les magistrats ont considéré que la seconde sortie - "c'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes" - était "incontestablement outrageante, sinon méprisante" pour les personnes concernées, "présentées (...) négativement, du seul fait de leur origine".
A l'audience, le 16 avril, le procureur François Cordier avait reconnu que ces paroles étaient bien "outrageantes" mais n'avait pas requis de condamnation, en considérant que l'échange n'avait rien de public.
Vendredi, le tribunal a lui aussi reconnu que les propos reprochés avaient été tenus "lors d'un échange informel". Mais a choisi lui de maintenir l'injure et de n'abandonner que le qualificatif de "public".
Brice Hortefeux ne pouvant "être pénalement comptable d'un propos non destiné à être entendu", le tribunal a requalifié le délit en simple contravention de 4e classe et a condamné le ministre à l'amende maximale. Le jugement devra être publié dans un périodique.
Source : La Croix/AFP