vendredi 22 novembre 2024 20:42

Un centre d'accueil pour réfugiés à Rabat

Hier terre d'émigration, le Maroc est devenu un point de transit vers l'Europe et un pays d'accueil, par défaut pour un nombre croissant de migrants irréguliers, de demandeurs d'asile et de réfugiés.

Plus de 10 000 migrants, pour les trois quarts subsahariens, se trouvent aujourd'hui temporairement ou définitivement sur le sol marocain. Pour répondre au drame humanitaire que constituent ces flux migratoires, le bureau de Rabat du Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (UNHCR) en collaboration avec la Fondation Orient Occident (FOO) et le soutien de la Suisse, des Pays Bas et de la Suède, a décidé dès 2007 de la création d'un centre d'accueil pour réfugiés, dont l'essentiel a été cofinancé par la Direction du développement de la Coopération suisse et la Fondation espagnole CEAR. L'accueil des populations les plus vulnérables, en particulier les femmes veuves avec enfants, les femmes victimes de violences, les handicapés et les mineurs non accompagnés comptent parmi les priorités de ce centre installé dans les locaux de la Fondation Orient occident. Inauguré, hier, en présence de nombreuses personnalités internationales et locales, le centre d'accueil de ces réfugiés est «le premier du genre au Maroc mais aussi dans tout le Maghreb», s'est félicité Johanes van Der Klaw, un des hauts responsables de l'UNHCR au Maroc.

«Le centre est l'aboutissement de 4 années de travail en étroite collaboration avec le ministère des Affaires étrangères marocain, les ONG, la société civile et la Suisse a déclaré l'ambassadeur suisse Bertrand Louis. Notre pays est dépositaire du droit international humanitaire et de la Convention internationale des réfugiés, aussi sommes-nous plus que jamais déterminés à poursuivre cette coopération afin d'offrir une vie digne à ces hommes et à ces femmes réfugiés et les aider à construire un projet de vie dans le pays hôte».

Le centre se veut une passerelle vers l'autonomisation et l'autosuffisance des réfugiés, avec l'objectif à terme de faciliter l'intégration de ces derniers dans la société marocaine. Pour ce faire, l'UNHCR et la FOO ont développé un important programme basé sur la formation professionnelle, ainsi que l'assistance pédagogique et psychologique afin d'apporter une réponse globale adaptée aux situations de grande précarité vécues par les réfugiés en particulier, les femmes.
Ainsi, le centre d'accueil offre des cours d'alphabétisation, des cours de français, d'arabe dialectal et de mathématiques pour les adultes comme pour les enfants. Ces formations aussi utiles soient-elles dans l'absolu, restent trop théoriques pour Georges. « Je viens surtout pour les 16DH qui me sont donnés pour le transport et qui me permettent d'acheter le minimum vital , le pain et le lait », lance-t-il amer. «Pour la FOO, c'est un début», arguent les responsables, la Fondation accueille 800 Subsahariens par an et se démène pour l'amélioration des conditions de vie des réfugiés tout en aidant au retour dans le pays ceux qui le souhaitent».

Grâce au concours de bénévoles encadrés par 12 professionnels, la Fondation organise également des formations aux petits métiers, tels que la coiffure, l'esthétique, la pâtisserie afin de permettre aux réfugiés de développer des activités génératrices de revenus. Cependant ces revenus plutôt modestes sont tirés du secteur informel mais ils permettent aux réfugiés, notamment aux femmes de subvenir à une partie de leurs besoins en l'absence d'un statut légal et de l'attribution d'une carte de séjour par les autorités marocaines. Les réfugiés restent en fait exclus du marché du travail formel et fortement exposés aux aléas du pays hôte. D'où l'importance pour Johanes Van Der Klaw pour le Maroc d'insérer la problématique des réfugiés dans une politique globale d'immigration et de se doter d'un cadre législatif ad hoc». En attendant, la création de deux coopératives féminines structurées autour d'activités de couture, de poupées et de bijoux artisanaux est une réponse pragmatique vers l'autosuffisance de cette population.

«Reste à améliorer les produits finis et les techniques de vente ainsi que d'identifier les nouveaux marchés en vue d'écouler la production de ces femmes réfugiées comme les foires scolaires, les bazars de la médina, etc. explique une responsable de cette coopérative. Un restaurant devant être géré également par les femmes refugiées devrait prochainement être inauguré, au sein de la Fondation. Une bibliothèque de plus de 8000 ouvrages et revues, une salle de lecture, un cyberespace et une halte garderie accueillant les enfants de 5 mois à 6 ans permettent aux réfugiés de profiter pleinement et sereinement de l'éventail des activités offertes. Mais plus que tout, le centre offre une cellule d'écoute et d'accompagnement psychosocial permettant aux réfugiés d'exprimer leur détresse, d'être conseillés et orientés mais surtout d'être réintégrés dans leur dignité. Un nouveau défi pour le Maroc qui devient contre toute attente une terre d'asile.

Le droit des réfugiés au Maroc

Le Maroc a ratifié la Convention de Genève relative à la protection juridique et administrative des réfugiés depuis 1951 mais ce n'est que le 20 juillet 2007, avec la collaboration du Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (UNHCR), qu'il a véritablement mis en place des procédures d'accueil de cette population, lui reconnaissant la qualité de réfugiée en vertu du mandat de l'UNHCR.

Mais si le Maroc reconnaît aujourd'hui ce droit, il ne s'est pas doté d'un cadre juridique permettant à ces mêmes réfugiés d'exercer leurs droits sur la base d'un séjour légal et d'avoir un accès formel au marché de l'emploi et aux services publics de base.

Source : Le Matin

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