La langue arabe, celle de leurs origines, intéresse-t-elle toujours les nouvelles générations de Marocains vivant à l’étranger ? L’offre actuelle d’apprentissage de la langue arable correspond-elle à leurs attentes ? Depuis de longues années déjà, le problème de l’inadéquation entre l’offre de l’enseignement de la langue arabe et les attentes des jeunes marocains est posé. Sans que rien pourtant ne soit changé. A Rabat s’est ouverte ce 24 juin, et pour deux jours, une conférence sur « langues en immigration : mutations et nouveaux enjeux », à l’initiative du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME).
Nos jeunes générations s’intéressent-elles toujours à la langue de leurs parents, l’arabe en l’occurrence ? Le système mis en place pour l’apprentissage de langue arabe destiné aux enfants de la communauté marocaine établie à ‘étranger semble montrer ses limites. Les jeunes générations se désintéressent de la langue de leurs origines face à des parents complètement dépassés, livrés à eux-mêmes.
Les professeurs exerçant dans les écoles françaises dans le cadre de l’ELCO sont insuffisants. Il n’y a pas que cela. Leurs méthodes sont contestées, considérées comme « dépassées ». Pour combler ces lacunes, les associations d’enseignement de la langue arabe foisonnent. Certaines sont des associations de quartiers, d’autres des ont une envergure plus importante. L’arabe s’apprend à la mosquée.
Les musulmans ont investi le terrain avec toutes les dérives que cela suppose.
L’apprentissage de la langue arabe est un sujet sérieux. C’est sans doute pour cette raison que le CCME a décidé d’organiser des journées autour du thème, non pas de l’apprentissage mais, en définitive, de la nécessité de changer l’état actuel des choses.
Les enjeux sont énormes car « Pour les enfants nés dans l'immigration, il ne peut y avoir d'insertion heureuse dans la société où ils vivent qu'en réussissant bien évidemment un bon parcours scolaire et professionnel, mais aussi en entretenant un rapport positif et apaisé à toutes leurs filiations et appartenances, d'où l'impératif de la mise en place d'une offre rénovée qui garantit leur insertion socioprofessionnelle et leur épanouissement personnel, et renforce leurs liens avec la terre des ancêtres", indiquait Driss El Yazami, président du CCME lors de la séance d’ouverture, jeudi 24 juin.
L’offre n’est certainement plus adaptée. El Yazami indiquait à juste titre que "l'émergence de nouvelles générations issues de l'émigration nous interpelle à penser à une offre linguistique et culturelle qui tienne compte à la fois de la diversité des publics, de la variété des contextes et des traditions nationales de pays qui sont désormais aussi les leurs".
Chercheurs, membres associatifs, responsables de tous horizons et de divers pays débattront donc tout au long du séminaire sur les actions à mettre en place pour tenter d’améliorer un état de fait déplorable souvent.
Or, la problématique de la langue et de son apprentissage aux jeunes générations interpelle des questions d’ordre crucial pour le devenir des relations entre le Maroc et sa communauté établie à l’étranger, à savoir la transmission des langues maternelles aux nouvelles générations issues de cette émigration, les relations complexes entre langues et identité, les rapports entre apprentissage des langues et éducation religieuse ou encore la nécessaire diversification de l'offre en ce domaine. D’où une indispensable remise en cause du système actuel.
Source : Bled.ma