mercredi 3 juillet 2024 12:21

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Communauté marocaine à l'étranger : Le devenir des langues dans l'immigration

Un débat ouvert à l'initiative du conseil de la Communauté marocaine à l'étranger face aux mutations et aux nouvelles attentes des populations émigrées.

Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) a organisé les 24 et 25 juin à Rabat une conférence internationale sur le thème «Langues en immigration : mutations et nouveaux enjeux» avec la participation de plusieurs dizaines de chercheurs, de responsables publics marocains, de représentants des gouvernements étrangers partenaires et d'acteurs de la société civile.

La problématique de la langue et de son apprentissage en situation d'immigration se pose avec d'autant plus d'acuité aujourd'hui que la population émigrée est confrontée à des mutations radicales parmi lesquelles un essor démographique significatif de cette population et l'émergence des nouvelles générations nées dans les pays de résidence. Le CCME entend donc ouvrir le débat à la lumière de ces différents travaux afin d'évaluer les politiques d'enseignement actuelles et proposer une approche empirique de ces questions que sont la transmission des langues maternelles aux nouvelles générations, les stratégies d'apprentissage dans un monde plurilingue et globalisé, la relation entre langues et identités, les rapports entre apprentissage des langues et éducation religieuse.

« La langue est un fait culturel et identitaire car c'est par elle se que transmettent les us et coutumes ainsi que les croyances de la communauté d'origine » a rappelé à juste titre le ministre délégué chargé de la communauté marocaine à l'étranger, Mohammed Ameur, en préambule de la conférence. D'où l'importance de l'apprentissage des langues dont l'arabe que Driss El Yazami, président du CCME, a justifié comme étant «une demande ancienne et continue des populations émigrées car fortement perçue comme le vecteur du maintien du lien avec la terre d'origine et le patrimoine religieux et culturel. La transmission de ce legs linguistique et culturel est une donnée fondamentale pour les parents représentatifs de ces communautés émigrées a-t-il fait remarquer ajoutant que «cette préoccupation était légitime et consacrée par les instruments internationaux des droits de l'Homme qui garantissent aux parents le droit de donner à leurs enfants une éducation conforme à leur culture et à leur religion».

Or, les dispositifs mis en place dans les années soixante-dix dans les pays d'accueil pour préserver l'identité culturelle et les aptitudes linguistiques de ces jeunes générations sont actuellement en crise. Obsolètes, inadaptés ces systèmes ont montré leurs limites auprès des communautés émigrées installées durablement dans les pays de résidence et en constante évolution. De plus, «ils ne répondent pas à la vision uniforme et conforme à l'évolution des approches retenues dans chaque pays et aujourd'hui, par le Conseil de l'Europe» a expliqué Mohamed Ameur.

Face à cette déliquescence et à la multiplicité d'autres dispositifs privés, inégalement encadrés et exploités, les communautés marocaines plaident depuis plusieurs années en faveur d'une politique culturelle et linguistique à la hauteur de leurs attentes, sentant confusément que «leurs enfants leur échappent» selon l'expression de feu le sociologue Abdelmalek Sayad.

Cette préoccupation, si elle est au cœur des requêtes des populations émigrées marocaines, est d'autant plus inscrite à l'ordre du jour du gouvernement, conformément aux orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. En effet, le Maroc doit mettre en œuvre des politiques publiques permettant d'assurer aux Marocains résidents à l'étranger le maintien de liens étroits avec leur identité marocaine notamment par l'enseignement de la langue arabe, l'éducation religieuse et l'action culturelle. A cet égard des centres culturels ont été créés, en partenariat avec les pays d'accueil.

Pour Mohamed Ameur, l'objectif, à travers ces projets est double. Il contribue au renforcement de l'attachement des citoyens marocains résidant à l'étranger à leur pays d'origine et à la promotion de la culture marocaine auprès des nouvelles générations, mais également la promotion de l'interculturalité en tant que facteur d'intégration dans les pays d'accueil.

On l'aura compris la gageure pour le Maroc comme pour les Etats partenaires à partir des travaux du CCME consiste à penser une politique linguistique et culturelle novatrice qui tienne compte à la fois de la diversité des publics, de la variété des contextes et des traditions nationales de pays qui sont désormais aussi les leurs. L'objectif affiché sera de garantir à ces nouvelles générations «en crise identitaire» une insertion socioprofessionnelle et un épanouissement personnel basés sur une relation apaisée avec leur terre d'accueil et un lien renforcé avec la terre de leurs ancêtres.

Une batterie de mesures à l'étude

Pour répondre aux demandes des populations émigrées, le gouvernement a élaboré un plan d'urgence relatif à l'enseignement de la langue arabe en faveur de la communauté marocaine résidant à l'étranger. Une série de propositions, à l'étude, ont été débattues lors du séminaire. Parmi elles, l'extension de l'enseignement dit parallèle à travers le renforcement des compétences des associations, l'insertion d'espaces d'enseignement de la langue arabe et de la culture marocaine dans les centres culturels. D'autres enseignements sont aussi envisagés, plus flexibles et accessibles à tous via les NTIC. Le dispositif e-learning est ainsi en cours de mise en place. Un enseignement alternatif ludique avec les écoles d'été, des séjours culturels et linguistiques, des caravanes éducatives font partie des solutions proposées. Des mesures incitatives seront mises en places afin d'encourager la création dans le privé, d'Instituts de soutien scolaire et d'enseignement de la langue pour chaque pays d'accueil.

Source : Le Matin

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