Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) a organisé, les 24 et 25 juin 2010, une conférence internationale sur le thème “Langues en immigration: mutations et nouveaux enjeux”. Cette rencontre a réuni des responsables publics, des représentants des gouvernements de pays d’accueil, ainsi que de nombreux chercheurs, pédagogues et acteurs de la société civile.
Face à la grande diversité des dispositifs d’enseignement de la langue arabe en terre d'accueil, les organisateurs de la conférence “Langues en immigration: mutations et nouveaux enjeux” souhaitent trouver les plus viables et les plus adéquates grâce à une évaluation des politiques actuelles, et à la prospection de nouvelles pistes.
“L’enseignement des langues, et en particulier de l’arabe, constitue une demande ancienne et continue des populations émigrées et qui ne cesse de s’amplifier, ne serait ce qu’en raison de la très forte expansion démographique qu’a connue la communauté marocaine en un quart de siècle”. Driss El Yazami, président du CCME.
La nécessité pour la première génération de transmettre ses valeurs religieuses et identitaires à ses enfants, de les préparer à un éventuel retour au Maroc et de les préserver d’une possible dépendance ou aliénation à la culture européenne a donné naissance, à l’époque, à une importante demande d’apprentissage de la langue arabe.
Pour y répondre, les professeurs recrutés au Maroc reproduisaient fidèlement, utilisant les mêmes méthodes didactiques et pédagogiques, les contenus enseignés au Maroc.
Des modèles obsolètes
Le programme ELCO (Enseignement des langues et des cultures d’origine pour jeunes immigrés) avait un double objectif: aider les enfants à s’insérer dans la société d’accueil tout en maintenant des liens avec leurs racines.
Toutefois, de nombreux intervenants ont jugé qu’à l’instar du LACM (Langue Arabe et Culture Marocaine), ces programmes ont été pensés dans un contexte historique largement dépassé, aux finalités restrictives.
“Les années écoulées permettent de peser les bilans financiers, les énergies humaines et les investissements avec les résultats de la pratique de la langue par les jeunes concernés. Pourquoi sont-ils incapables de tenir dans l’ensemble, une conversation ou de suivre avec fluidité un journal télévisé en arabe alors que certains ont dix ans de formation derrière eux?”. Farid El Asri, assistant de recherche en anthropologie en Belgique.
Installés définitivement dans leur pays d’accueil, les nouvelles générations ne ressentent plus comme une nécessité impérieuse l’apprentissage de la langue arabe telle qu’elle est enseignée.
Pour M. El Yazami, aujourd'hui “le défi est bien celui de penser une offre linguistique et culturelle qui tienne compte à la fois de la diversité des publics, et de la variété des contextes et des traditions nationales des pays qui sont désormais les leurs”.
Partant du constat que le dispositif actuel ne permet pas de répondre pleinement aux objectifs assignés à cet enseignement, le gouvernement marocain a déjà élaboré le programme d’urgence ELACM relatif à l’enseignement de la langue arabe et de la culture marocaine aux enfants des Marocains Résidents à l'Étranger. Ce programme deviendra opérationnel dès que les fonds pour son fonctionnement auront été votés dans le cadre de la prochaine loi des finances.
En attendant, des associations religieuses ou autres, commencent à titre bénévole ou lucratif, à investir le terrain sans aucune homologation, ni contrôle sur les méthodes et contenus de leur enseignement.
Par ailleurs, on peut se poser la question de la place qui sera réservée à l’enseignement du Tamazigh.
Source : Aufait
27.06.2010