Les condamnations de la municipalité et des représentants religieux étaient unanimes mardi à Strasbourg, après la profanation dans la nuit de 18 tombes d'un carré musulman.
Douze stèles ont été renversées et le ou les auteurs des faits ont renversé ou endommagé des plaques et des décorations sur six autres tombes, a précisé à l'AFP Driss Ayachour, président du Conseil régional du culte musulman d'Alsace. En revanche aucune inscription n'a été retrouvée sur les sépultures.
"Cibler ainsi délibérément le carré musulman, c'est inqualifiable, c'est un acte barbare", a dénoncé M. Ayachour.
Les faits ont été découvert tôt mardi par un gardien du cimetière, situé dans le quartier de la Robertsau. Le carré musulman compte 61 tombes au total.
Le sénateur-maire de Strasbourg, Roland Ries (PS), s'est rendu sur place dans la matinée et a annoncé que la municipalité prendrait en charge les frais de remise en état des sépultures.
"Au nom de tous les Strasbourgeois, je condamne fermement cet acte de vandalisme qui ne vise qu'à exacerber les tensions et raviver les sentiments les plus vils", a-t-il réagi dans un communiqué. "Les différentes communautés doivent plus que jamais rester soudées et poursuivre le dialogue pour donner tort aux auteurs de ces profanations", a-t-il ajouté.
Le Consistoire israélite du Bas-Rhin et la Communauté israélite de Strasbourg ont assuré "de leur sympathie et de leur soutien les responsables et l'ensemble de la communauté musulmane".
Abdelaziz Choukri, délégué général de la Grande Mosquée de Strasbourg, a établi "une corrélation" entre la profanation et le lancement, samedi par deux représentants régionaux du Front national, d'un "Comité Non à l'islamisation de l'Alsace-Lorraine" devant le chantier de la Grande Mosquée de Strasbourg.
"Plusieurs plaintes seront déposées si l'enquête de la police judiciaire devait confirmer cette hypothèse", ajoute M. Choukri.
La Grande Mosquée organisera une cérémonie "de mémoire et de respect" vendredi.
Strasbourg est la première ville en France à avoir annoncé, début juin, la création d'un cimetière confessionnel musulman sous gestion publique. Celui-ci devrait voir le jour à l'automne 2011.
Les cimetières alsaciens ont été le théâtre de deux profanations importantes depuis le début de l'année.
Le 27 janvier, jour du 65e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, une trentaine de tombes avaient été détériorées dans un cimetière juif de Strasbourg.
Le 28 mai, une centaine de tombes de soldats allemands tombés pendant les deux guerres mondiales avaient été profanées dans le cimetière de Guebwiller (Haut-Rhin).
Source : La Croix/AFP