samedi 23 novembre 2024 02:27

Abdel, un parcours courageux d'un immigré marocain en France

Dans un article bien émouvant, Abdel, un français d'origine marocaine, raconte son chemin parcouru depuis le bidonville qu'il a occupé pendant des années avec ses parents, jusqu'à la vie actuelle qui honore sa famille.

Abdel est arrivé du Maroc en 1966, ils ont habité le grand parc départemental de La Courneuve qui était à l'époque un bidonville.

Abdel est arrivé du Maroc en 1966, ils ont habité le grand parc départemental de La Courneuve qui était à l'époque un bidonville.

Dans cet interview paru à La Courneuve (Blog Le Monde), Abdel, 51 ans, raconte les souvenirs qu’il a gardés de ce qui était alors le bidonville de La campa.

Dans le parc départemental qui accueille chaque année la Fête de l’humanité, rien ne laisse deviner que pendant près de 20 ans, de 1950 à la fin des années 60, jusqu’à 6000 personnes ont vécu là dans des taudis.

Abdel, lui, peut en parler des heures… Des violentes guerres de territoire, avec “des boss” qui maîtrisaient tout. De la petite épicerie que tenait sa mère dans le camp avec quelques produits achetés en ville. Des habitants du bidonville qui allaient récolter les légumes dans les champs maraîchers alentour. De l’ambiance qui régnait, des fêtes, de la musique, et de ses jeux d’enfants dans la grande mare. Une lueur s’allume dans ses yeux quand il regarde la grande prairie d’aujourd’hui.

A l'école, la même difficulté de vie se faisait ressentir puisque les classes préfabriquées du lieu ne laissaient pas l'opportunité ni aux enseignant de supporter ni aux élèves de progresser.

A la fin des années 60, les autorités décident de détruire le bidonville. Les 4000 sont sortis de terre. La famille d’Abdel sera logée dans des immeubles en préfabriqués : la cité de transit ou cité verte. Là encore, un lieu à part, pour ceux du bidonville.

Cependant, il tient à sa scolarisation et décide d'aller plus loin: “J’avais 10 ans, mais on m’a mis en CE1.

Il y avait un directeur formidable qui consacrait beaucoup de temps à ceux qui avaient des difficultés. Grâce à son soutien, en un an j’ai pu réintégrer un CM2. Ensuite, je me suis pris en main, j’ai cherché une formation. Mon père me rêvait ingénieur, mais je suis parti en CAP tôlerie, ventilation, chaudronnerie à Paris. J’ai eu mon CAP, je suis revenu en seconde et puis finalement j’ai laissé tombé les études pour me consacrer à l’animation en passant mon BAFA et mon BAFD pour diriger des centres de loisirs.”

Il arrive même à obtenir sa maîtrise Sciences et son DEA, grande fierté pour ses parents et pour lui-même.

Aujourd’hui, il travaille à la mairie. Il est devenu chargé de mission à la démocratie participative.

Cependant, il n'a jamais oublié, durant ce long chemin de courage et de patience, la phrase de son père qui résonne encore dans son esprit: “la France n’est pas un long fleuve tranquille mais une mer très agitée. Seuls ceux qui savent nager s’en sortiront.”

Source : eMarrakech

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