L’amphithéâtre du Théâtre de verdure est investi de festivalier venus accueillir et applaudir une artiste, de retour dans sa ville, une chanteuse amazighe, vivant actuellement en France. A chaque coin, les couleurs franches de leurs vêtements se découpent dans l’obscurité sans trancher avec les couleurs du drapeau amazigh que brandit un grand nombre. Les premières notes de la chanson «Imik smik», s’élèvent peu à peu, de la scène où apparaît Hindi Zahra. La diva, se serait-elle transformée en magicienne pour convoquer tous les ancêtres griots, gnawas, blues men de la planète autour d’elle ? Difficile de répondre tant elle irradie d’énergie, captivant sans mal la foule, dès les premiers instants. «Imik smik, transmet la langue berbère dans la chanson, elle se place face à la langue
anglaise», confiait la chanteuse quelques minutes auparavant.
Le phénomène Hindi Zahra, se poursuit tout au long de son tour de chant. C’est une artiste qui interprète l’histoire de chaque titre, chantant l’amour, la douleur ; habitée par les rythmes aux accents rock, mâtinés de blues, brûlants comme les souffles andalous, signant définitivement sa dimension musicale métissée. «J’ai grandi avec la culture musicale africaine, marocaine, occidentale, égyptienne, indienne. Des musiques, que j’ai découvertes grâce à mes oncles». La chanteuse de talent n’en n’est pas à son premier coup d’essai. Elle est une véritable artisane de la chanson, une fille
de la scène : «Chanter avec des instruments tarditionnels est une influence, un attachement fort. La musique traditionnelle a traversé les âges. Sa transmission est le signe de son importance». Hindi Zahra a une belle histoire avec le festival Timitar. Il y a à peine trois ans, elle figurait parmi les artistes en résidence. Et dans le flot ininterrompu des nouveautés déversées sur les ondes, il arrive parfois un miracle. «Beautiful tango», titre que murmurent toutes les lèvres depuis le 18 janvier dernier, extrait de l’album «Handmade», est le fruit de ce passé. Ce tube produit il y a cinq ans est toujours plébiscité : «C’est une chanson que j’honore chaque fois que je monte sur scène. La musique est un art en constante progression qui se nourrit de différents moments de vie». Ce soir, le public soussi, démontre également son attachement à la chanteuse, tous deux chantent de concert, leur histoire. Stand up Agadir !», les derniers mots, répétés en boucle par la magicienne Zahra, face aux spectateurs qui lui offrent une véritable ovation durant les vingt dernières minutes, résonnent encore dans les esprits et les cœurs…
Source : Le Soir