samedi 23 novembre 2024 01:25

Les flux migratoires ralentissent fortement sous l’effet de la crise

L'immigration a ralenti à peu près partout dans le monde sous l'effet de la crise. Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui présentait lundi 12 juillet son rapport sur les Perspectives des migrations internationales 2010, les entrées de migrants "permanents" – ceux qui bénéficient d'un permis de séjour renouvelable – ont chuté de 7 % en 2008, à 4,18 millions de personnes. Parallèlement, les migrations temporaires – permis de séjour non renouvelables – ont fléchi de 4 %, à 2,31 millions de personnes.

En revanche, l'immigration familiale a progressé de 3 % tout comme celle à caractère humanitaire (+14 % pour les demandeurs d'asile). Ces baisses enregistrées en 2008 sont d'ores et déjà confirmées par les premières tendances notées par l'OCDE pour 2009. Surtout, elles interviennent après cinq ans de hausse continue (11 % depuis 2003).

Ce fléchissement se concentre sur les flux migratoires liés au travail. Il s'explique soit par une chute brutale des demandes des employeurs, comme aux Etats-Unis, soit par l'adoption de politiques restrictives : l'Espagne a ainsi réduit la liste des professions en pénurie tandis que la Corée du Sud a diminué le "quota d'étrangers".

BAISSE DES MIGRATIONS LIÉES AU TRAVAIL

Dans les espaces de libre circulation, comme l'Union européenne, les baisses sont à la fois plus amples mais mieux régulées : un immigrant hésitera moins à renoncer à son projet ou à rentrer au pays, car il sait qu'il pourra partir ou repartir plus aisément. En matière d'immigration permanente, dont 20 % sont des migrations liées au travail, les plus fortes baisses se concentrent en Espagne (–43 %), en République tchèque (–27 %), en Italie (–26 %) et en Irlande (–24 %). A l'opposé, nombre de pays sont restés, en 2008, sur leur lancée, maintenant des flux d'entrée élevés, car touchés plus tardivement par la crise, comme au Portugal (+54 %).

Les variations des grands pays d'immigration européens sont plus faibles : –5 % au Royaume-Uni et –2 % en Allemagne et +4 % en France. Au sein de l'Union, le cas de la Suède est atypique : en dépit de la crise, Stockholm a maintenu une forte politique d'ouverture de ses frontières : les demandes de permis de travail y ont progressé de 30 % de 2008 à 2009, et 85 % d'entre elles ont bénéficié d'un avis favorable. Le territoire américain, lui non plus, n'a pas fermé ses frontières : les Etats-Unis ont accueilli 5 % d'immigrés de plus de 2007 à 2008 et le Canada +4 %.

Certaines de ces baisses ou de ces hausses doivent être, cependant, relativisées, indique l'OCDE. Dans plusieurs pays, les chiffres sont un peu biaisés. En Italie, les statistiques ont, par exemple, progressé lors de l'intégration des Roumains et des Bulgares entrés clandestinement dans le pays. Mais elles ont diminué d'autant pour cause d'adhésion des deux pays à l'UE, en 2007.

LES MIGRANTS PLUS RAPIDEMMENT TOUCHÉS PAR LE CHÔMAGE

Au Portugal, la forte hausse du nombre de migrants enregistrée est liée à "la conséquence d'un programme spécial permettant aux Brésiliens arrivés dans le pays depuis plusieurs années de régulariser leur situation et donc d'être pris en compte dans les statistiques", note le rapport.

Le classement des Etats est un peu bouleversé si l'on se réfère aux migrations temporaires (dont les travailleurs saisonniers), qui représentent la mesure la plus indiscutable des demandes en main-d'œuvre. Les Pays-Bas, qui enregistrent un effondrement des entrées de travailleurs temporaires (–67 %), mais aussi l'Italie (–39 %), la France (–25 %) et le Royaume-Uni (–18 %) figurent en tête. Aux Etats-Unis, selon l'OCDE, "le nombre de demandes de travailleurs temporaires s'est aussi effondré", passant de 729 000 demandes en 2007 à 479 000 en 2009. En Australie, les demandes des employeurs pour des travailleurs temporaires qualifiés ont fondu en 2009 de 60% par rapport à 2008. En Espagne, le programme d'emploi des travailleurs saisonniers a enregistré une baisse encore plus spectaculaire : les demandes qui étaient au nombre de 41 300 en 2008 sont tombées à 3 600 en 2009.

En période de récession, la main-d'œuvre étrangère joue un rôle d'amortisseur sur le marché de l'emploi et cette crise ne faillit pas à la règle. De 2008 à 2009, le taux de chômage des migrants s'est accru dans tous les pays de l'OCDE, qui déplorent "l'impact disproportionné de la crise économique sur l'emploi des immigrés".

Les femmes s'en sortent mieux que les hommes, notamment parce qu'elles occupent un emploi dans le secteur social, moins sensible à la crise. Mais "dans tous les cas – à l'exception du Royaume-Uni –, la hausse du chômage est plus rapide que pour les autochtones", insiste le rapport.

Source : Le Monde

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