samedi 23 novembre 2024 01:12

Entre émigration et diplôme au pays, les jeunes Marocains choisiraient l'émigration

Pour de nombreux jeunes Marocains, immigrer vers le pays de la corrida et des champions du monde de football est préférable à l'obtention d'un diplôme au Maroc. C'est le sociologue Mokhtar El Harras qui en fait le constat, à l'occasion d'un séminaire organisé à l'Université Pablo de Olavide (UPO) de Séville (sud de l'Espagne). Le sociologue rappelle au passage la réalité vécue par les immigrés dans ce pays.

Lors de  ce séminaire dont il animait une conférence sous le thème «Perceptions de l'émigration dans la société marocaine», Mokhtar El Harras a déclaré ce lundi, que « pour la majorité des jeunes Marocains, traverser la frontière vers l'Espagne est plus important qu'obtenir un diplôme». Et pour cause : émigrer en Espagne serait un signe de courage, d'orgueil, et d'émancipation.

D'après l'agence de presse espagnole Europa Press (EP), le professseur El Harras a également souligné lors de son intervention, que la belle image de la conquête de l'eldorado espagnol est cependant très vite brisée, par le phénomène de rejet auquel est confrontée la communauté marocaine, la plus discriminée en Espagne, a précisé le sociologue.

Ce phénomène de rejet rendrait particulièrement difficile l'intégration sociale des immigrés marocains, qui  sont perçus à travers le  vieu cliché du maure (arabo-berbère d'Afrique du Nord) malfaisant, comme l'explique le Pr El Harras : « l'immigré (Marocain, ndlr) se sent méprisé, ce qui fait qu'il est constamment sur la défensive, et doit constamment prouver qu'il n'est pas un mauvais maure ».

Le sociologue a également déploré les conditions d'accueil des immigrés en Espagne, expliquant qu'à leur arrivée, aucune stucture n'était mise en place par les autorités espagnoles. Il prend pour comparaison, le cas des Pays-Bas, où les immigrés subissent une sorte de formation sur les coutumes et la langue locales, ainsi que sur leurs droits, ce qui facilite leur insertion sociale par la suite.

En l'absence de telles mesures en Espagne, en y ajoutant les discriminations et le mépris, le rêve espagnol semble perdre de son charme. Mais cette réalité suffit-elle à dissuader nos jeunes candidats à l'immigration?

Source : Yabiladi

20.07.2010

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