75% des transferts des Marocains résidant à l’étranger sont destinés aux aides sociales de leur famille.
Le temps des MRE pourvoyeurs de devises et grands investisseurs connaît-il sa fin ?». C’est le thème qui a été débattu hier à Casablanca lors d’une rencontre organisée par le Club Entreprendre.
D’abord, il faut lever la nuance. Parler de pourvoyeurs de fonds oui mais pas de grands investisseurs. Et pour cause, 75% des transferts des Marocains résidant à l’étranger sont destinés aux aides sociales de leur famille. A lui seul, ce pourcentage en dit long sur une des politiques épineuses, à savoir celle de l’immigration. Ensuite et pour entrer dans le vif du sujet le temps des MRE grands investisseurs pourrait connaître sa fin mais pas celui des pourvoyeurs de devises. Pour la simple raison que la pauvreté et l’exclusion sociale atteignent encore des seuils inacceptables au vu de la vitesse avec laquelle roule l’économie nationale ces dernières années. Là encore nous sommes devant une problématique très sensible, qui n’est rien d’autre que la répartition des revenus.
1 milliard de dirhams investi par la diaspora dans la Bourse de Casablanca et les OPCVM.
Sur ce gros chapitre, Ahmed Lahlimi Alami, Haut commissaire au plan n’a cessé de rappeler et à maintes reprises qu’il est temps de revoir et repenser ce modèle de répartition des fruits de la croissance. Conclusion : les recettes MRE ne servent généralement qu’à résorber et réduire les poches de pauvreté. C’est ce qui ressort d’ailleurs en gros de l’ensemble des interventions lors de ce déjeuner-débat. Bien que le ministre Mohamed Ameur, ministre délégué chargé de la Communauté marocaine à l’étranger croie que les RME ont une place capitale dans les investissements réalisés.
Certes nul ne peut nier l’apport substantiel de ces ressortissant aux besoins de l’économie nationale. En atteste, le montant de 1 milliard de dirhams investi par la diaspora dans la Bourse de Casablanca et les OPCVM (Organismes de placement collectif en valeurs mobilières), comme l’a bien souligné Hassan El Basri, directeur général de la Banque des Marocains du monde à la Banque Populaire.
Toutefois, des pistes de questionnement demeurent en suspens : jusqu’à quand notre économie continuera -t-elle de compter fortement sur les recettes MRE ? Pourquoi ce sont 40.000 personnes qui quittent le pays chaque année vers d’autres cieux plus cléments ? Jusqu’à quand on continue de voir ces MRE comme «des vaches à lait» ou des «enfants»
Source : Le Soir
21 juillet 2010