Le phénomène est singulier, pour ne pas dire unique au monde : chaque année, ce sont des milliers et des centaines de milliers d'émigrés MRE qui empruntent les routes de l'Europe pour se rendre au pays et se ressourcer en ces temps difficiles de crise et de montée de xénophobie au Nord de la Méditerranée. Cette dernière décennie aura été marquée par une «normalisation» des relations aujourd'hui sereines, apaisées entre l'Etat et cette communauté accueillie avec dignité. On assiste en effet à une véritable osmose avec nos expatriés qui sont reçus avec célérité, dignité, affection dans des gares maritimes, des aéroports flambant neufs, des universités d'été qui leur sont réservées.
Leur retour estival qui a de nombreuses vertus est devenu un fait majeur de notre vie quotidienne en été : les villes sont plus vivantes, plus impactées par la circulation aérienne et routière, par la fréquentation des plages, par l'animation commerciale, par la revivication des souks, des villages… Leur présence permet d'augmenter les revenus et de stimuler la consommation, d'améliorer la vie quotidienne. Les transferts d'argent, les emplois créés, les changements de comportement, l'ouverture vers les autres sont autant d'incidences positives : «En brisant l'espace-temps traditionnel des retours au pays, cette nouvelle image des vacances exprime la transformation profonde des rapports de ces «nouveaux MRE avec les nationaux», observe un sociologue maghrébin qui rappelle l'omniprésence de leur pays d'origine dans leur esprit et dans leurs perspectives… d'avenir. Son emprise, dit-il, se mesure par la régularité des retours estivaux et des transferts monétaires, la concrétisation des projets économiques… mais pas seulement, elle se mesure aussi par l'importance du lien qui lie cette communauté à son pays comme en témoigne la septième édition du Raid des Marocains du Monde qui se déroule actuellement dans les provinces du Sud du Royaume.
Parti d'Agadir le 14 juillet 2010, ce tour automobile mènera ses quelque 200 participants sur un périple de 2.314 km dont les principales étapes sont Guelmim, Tan-Tan, Tarfaya, Laâyoune, Boujdour et Dakhla. Organisé chaque année par le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, le Raid s'inscrit dans le cadre du programme national d'accompagnement du séjour estival des Marocains du Monde. Cette manifestation a pour but principal le renforcement de l'attachement de nos concitoyens expatriés à leur pays d'origine et entre dans la politique de mobilisation des compétences de la diaspora marocaine pour le développement du pays. «Provinces du Sud, une dynamique continue» tel est le thème choisi pour cette septième édition. Le circuit exceptionnel tracé pour le Raid 2010 a permis aux participants de découvrir les richesses naturelles et culturelles de la région et les avancées enregistrées dans ces régions depuis cette dernière décennie. Une nouveauté cette année, c'est la participation de 53 élus d'origine marocaine et 19 de leurs homologues dans les pays d'accueil, en tant qu'invités d'honneur.
Moment de découverte mais aussi moment idoine pour multiplier les partenariats décentralisés entre ces provinces et les communes d'origine des visiteurs.
Des rencontres majeures ont ponctué les étapes de Laâyoune et Dakhla. A Laâyoune, Emmanuel Direckx De Casterle, économiste et ancien représentant résident du PNUD au Maroc, a créé la surprise en présentant les grandes lignes de son rapport sur le développement humain dans cette région du Royaume, lequel fait ressortir que les efforts de développement considérables engagés par le Maroc dans les provinces du Sud sont attestés par l'Indice de développement humain (IDH) qui enregistre un accroissement annuel moyen largement supérieur au taux national. Autre moment fort, à Laâyoune toujours, le ministre chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger a fait un exposé retraçant la politique de son département pour le renforcement les liens d'attachement des Marocains du monde à leur patrie d'origine et pour mobiliser leurs compétences et leurs contributions dans l'effort de son développement économique et social.
Des exposés ont été également faits par des cadres de son ministère ainsi que par des responsables du Centre régional d'investissement et de l'Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces du Sud du Royaume pour présenter les atouts et les perspectives de l'investissement dans ces provinces, notamment dans les secteurs du tourisme, de la pêche maritime, des transports, etc. Les différentes étapes ont été marquées par des échanges de grande convivialité : les élus d'origine marocaine et leurs homologues des pays d'accueil participant au Raid ont eu des échanges fournis avec les élus communaux et régionaux de la région Laâyoune-Boujdour-Sakia Al Hamra. Ces entretiens, qui ont permis aux visiteurs de compléter leur panorama d'information sur les provinces du Sud, ont porté sur la faisabilité de partenariats à l'échelle des communes qu'ils représentent avec les collectivités locales de ces provinces.
A Dakhla, le projet d'autonomie et de régionalisation avancée a été au cœur des débats : une initiative qui rallie l'opinion internationale et permettra d'aller de l'avant dans le processus d'édification d'une société marocaine démocratique et moderniste. Les exposés ont souligné l'importance de ce chantier d'envergure, étape importante dans la consolidation de la pratique démocratique au niveau régional. Moment de découverte, d'émotion, de surprise… A Laâyoune comme à Dakhla, et partout les participants au Raid ont fait escale ils ont découvert les grands projets d'infrastructure réalisés dans les provinces du Sud du Royaume. L'idée de mettre en place un réseau des élus amis du Maroc, comme cadre de réflexion sur les moyens de promouvoir le partenariat pour le développement local et la gestion décentralisée, a été développée. Un moyen de s'engager dans une démarche citoyenne pour porter les attentes du Maroc et de son peuple dans les pays où ils résident. Un moyen également de contribuer réellement au rayonnement culturel du pays en devenant à leur manière « des ambassadeurs ».
Source : Le Matin