samedi 23 novembre 2024 01:49

"Il faut réfléchir en termes de mobilités, d’allers et de retours entre les deux rives”

Au lendemain de l’ouverture officielle du premier Forum des jeunes marocains qui se tient actuellement à Ifrane, Driss El Yazami, Président du CCME nous explique le pourquoi des thématiques, comment s’est fait la sélection des participants et les attentes. Il s'exprime aussi sur l’émigration des jeunes Marocains et les initiatives à entreprendre pour renforcer leurs liens avec leur pays d’origine.

Après la rencontre de Marrakech sur les Marocains d’ici et d’ailleurs, le Conseil de la communauté marocaine résidant à l’étranger (CCME) innove avec ce 1er Forum dédié aux jeunes Marocains du monde. Pourquoi avoir décidé d’axer cette manifestation sur trois espaces thématiques : Créer, S’engager, Entreprendre ?

Ce forum, organisé en partenariat avec le ministère chargé de la communauté marocaine à l’étranger est une nouvelle illustration de l’approche genre que nous essayons d’adopter dans toutes nos activités. Celle-ci consiste à prendre en compte la dimension féminine mais aussi celle des générations successives dans chaque initiative. L’organisation de cette rencontre en trois espaces thématiques vise à permettre aux jeunes réunis de mutualiser leurs expériences en fonction de leurs itinéraires, de leur insertion professionnelle et de leurs projets, entre jeunes des différents pays de l’immigration mais aussi entre eux et les jeunes actifs au Maroc même.

Près de 500 participants en provenance d’une trentaine de pays du Maghreb, d’Afrique de l’Ouest, d’Europe, du Moyen-Orient, d'Amérique du Nord et du Maroc sont attendus à Ifrane. Comment s’est fait la sélection des jeunes ?

Le principal critère a été celui de la capacité d’initiative des jeunes invités. Nous avons donc sélectionné des jeunes actifs dans l’un des trois domaines qui seront débattus lors de ces deux journées, en mobilisant avec notre partenaire l’ensemble des réseaux  associatifs et des contacts que nous avons les uns et les autres. Du point de vue du Conseil, et depuis sa création, nous le concevons comme un réseau de réseaux, formels et informels, qui ne peut réussir sa mission qu’en travaillant avec tous ceux et toutes celles qui n’en sont pas membres.

En dehors des échanges d’expérience entre jeunes issus de l’immigration et jeunes vivant au Maroc, qu’attendez-vous de ce Forum ?

Ce forum sera ce qu’en feront les participants. Mais je peux vous dire l’essentiel de notre ambition : offrir un espace de rencontres, de délibération civique et pluraliste, et montrer qu’il y a deux dynamiques à l’œuvre : celle des grands chantiers de réforme entamés par Sa Majesté le Roi Mohammed VI d’un côté et de l’autre les dynamiques propres aux communautés de l’immigration. Ces dernières s’enracinent dans les pays de résidence tout en gardant des liens affectifs extrêmement forts avec la terre d’origine et en montrant une grande disponibilité à l’égard de la terre de leurs ancêtres. En se rencontrant, ces deux dynamiques peuvent contribuer à l’accélération de notre rythme de développement et au bien être des communautés. C’est en partie déjà le cas, mais on peut amplifier significativement ce mouvement.

Pensez-vous que contrairement aux premières générations, les jeunes immigrés marocains ont plus de facilité à s’insérer socio-culturellement dans leurs pays d’accueil et à vouloir y rester du coup?

Toutes les études convergent sur un point : les jeunes de l’immigration sont déjà intégrés culturellement, notamment parce qu’ils sont, de plus en plus, natifs de ces pays et socialisés dans ces sociétés par l’école, les médias, leurs pairs. La principale difficulté réside dans l’intégration professionnelle, où le poids de l’échec scolaire et des discriminations jouent un rôle central. Ce sont à mes yeux deux chantiers essentiels. Le deuxième élément à souligner est que, et à ce niveau aussi, les recherches menées sur toutes les communautés émigrées de par le monde le confirment, le retour massif des premières comme des jeunes générations est quasi-improbable. Il nous faut donc de plus en plus réfléchir en termes de mobilités, d’allers et de retours entre les deux rives.

D’un point de vous purement artistique, certaines émissions comme Studio 2M ont permis à de jeunes marocains d’exprimer leurs talents et parfois, à connaître leur pays d'origine. Quelles sont, selon vous, les initiatives à entreprendre de ce côté pour renforcer cette présence ?

En faisant justement comme le pratique déjà Studio 2M, c’est-à-dire en intégrant la dimension migratoire dans toute réflexion et dans tout chantier entamé. La migration, toutes générations confondues, peut constituer une ressource essentielle dans chacun des domaines : les sports comme nous venons de le rappeler ce week-end, l’implication des associations de l’immigration dans le développement local, des élus d’origine marocaine dans la coopération décentralisée, les compétences hautement qualifiées dans la recherche, etc.

Source : Aufait


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