mercredi 3 juillet 2024 14:18

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Jeunes marocains d'Europe : Enracinement dans le pays d'accueil, liens tangibles avec le Maroc

Les résultats d'une enquête initiée par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et le ministère délégué auprès du Premier ministre chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger ont été révélés hier à Casablanca.

Marocains résidant à l'étranger : loin d'être une entité figée, cette population, à la fois chère et utile au Maroc, vit au-delà de la vision traditionnelle que nous avons d'elle (boulot, économie et isolement l'hiver ; voitures, vacances et cadeaux l'été). De génération en génération, les immigrés, surtout en Europe, destination historique des MRE nationaux, ont vécu, durant les deux dernières décennies, des mutations profondes (rajeunissement, féminisation, diversification…). Mais une variante reste la même : l'enracinement accéléré des jeunes immigrés dans leurs pays d'accueil est toujours accompagné du maintien des repères identitaires d'origine et des liens tangibles avec le Maroc.

C'est ce qui ressort de l'enquête initiée à la demande du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et du ministère délégué auprès du Premier ministre chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger. Réalisée par l'institut BVA auprès de jeunes marocains ou d'origine marocaine (18-34 ans) résidant en Europe, les résultats de cette enquête ont été présentés hier à Casablanca. Et sans surprise, les jeunes marocains d'Europe maintiennent jalousement des repères identitaires d'origine et un sentiment national marocain quasi-unanime. En effet, et selon l'enquête, 94% des jeunes sondés continuent de se sentir Marocains et 82% pensent qu'ils sont vus comme des Marocains dans le pays de résidence. Seuls 28% estiment qu'il faut faire oublier ses origines pour y être accepté. Autre résultat presque connu d'avance, les Marocains gardent des liens tangibles et réguliers avec le «bled». Ainsi, ils sont 97% à déclarer se rendre au Maroc, dont 69% de manière régulière une ou même plusieurs fois par an. Les rares cas qui ne viennent jamais en sont empêchés par manque de connaissances au Maroc ou de moyens financiers ou de temps.

Aussi, des communications fréquentes avec la famille et les amis du Maroc ne sont jamais interrompues. 92% des interviewés entretiennent, selon les résultats de l'enquête, des contacts par téléphone ou Internet avec des membres de la famille ou des amis au Maroc, dont 63% le font souvent.

Les liens avec les membres de la famille ne se font pas uniquement que via des visites régulières ou des appels téléphoniques. Le maintien de la solidarité avec les familles, via des transferts d'argent, est très significatif. En dépit de leur jeune âge, 43% des sondés déclarent soutenir financièrement un membre de leur famille au Maroc, révèle l'enquête. Ce taux est d'autant plus significatif que juste 45% de ces jeunes sondés occupent un emploi (29% étant encore étudiants, 14% au chômage et 10% femmes au foyer). En revanche, la priorité est accordée aux pays de résidence quand il s'agit de la participation politique.

En effet, la majorité des jeunes sondés (54%) estiment plus important d'exercer cette participation dans le pays d'accueil, alors que 26% ne se prononcent pas et 20% préfèreraient l'exercer au Maroc. La religion et l'apprentissage de la langue arabe représentent des constantes indissociables de l'identité des jeunes marocains résidant en Europe, selon l'enquête. 93% des sondés déclarent en effet pouvoir pratiquer plus ou moins bien la langue arabe, dont 50% savent la parler, la lire et l'écrire.

Ceux qui ont suivi des cours de langue arabe en Europe l'ont fait à 31% dans une mosquée, 25% à l'école dans le cadre des cours assurés par le gouvernement marocain et 13% dans une association. Environ les trois quarts des bénéficiaires de cet apprentissage en sont très ou assez satisfaits (72 à 76% selon le lieu où ils l'ont suivi). Quant à la fréquentation des mosquées, 36% des sondés déclarent fréquenter régulièrement un lieu de prière, dont 9% quotidiennement et 27% une fois par semaine. En outre, 15% déclarent une telle fréquentation de temps à autre.

Discriminations variables

La vie des Marocains résidant à l'étranger est loin d'être toujours de tout repos. Malgré une intégration et un enracinement de plus en plus importants dans le pays de résidence, la perception des natifs vis-à-vis des immigrés reste mitigée.
Dans ce sens, le Maroc reste, selon les MRE, un pays mieux perçu que ses ressortissants de l'immigration. Selon l'enquête, alors que 79% estiment que le Maroc jouit d'une bonne image dans leur pays de résidence, ils ne sont que 48% à estimer que les jeunes d'origine marocaine bénéficient eux aussi de cette bonne image. L'écart est encore plus fort auprès des jeunes natifs d'Europe (83% versus 46%). Ce sentiment négatif s'est accentué, depuis un an, de 5 à 14 selon les pays concernés par le sondage. Les discriminations dont pensent avoir été victimes les jeunes sondés apparaissent en hausse par rapport à 2009. Aujourd'hui 53% de ces jeunes déclarent s'être sentis victimes de discriminations, soit 4 points de plus qu'en 2009. Faibles en ce qui concerne la religion (13%) ou l'éducation (14% à 21% selon les domaines testés), ces discriminations seraient plus nombreuses en ce qui concerne le travail (38%) et notamment l'accès à l'embauche (32%). Les sondés estiment largement plus difficile de s'en sortir dans le pays de résidence lorsqu'on est d'origine marocaine, principalement sur le travail (75%) mais aussi sur le logement (60%).

Ces taux chutent toutefois à 19% en ce qui concerne l'accès aux soins médicaux, à 33% pour l'accès à la formation et au crédit bancaire.

2.610 interviewés dans 6 pays

Réalisé dans six grands pays européens d'immigration (France, Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Espagne et Italie), le sondage a concerné un échantillon de 2.610 personnes. La représentativité des échantillons est assurée selon la méthode des quotas au sein de chaque pays en termes de lieu de naissance (Maroc ou pays d'accueil), sexe, âge et répartition géographique selon les données statistiques officielles disponibles dans chaque pays. 54% des jeunes sondés vivent dans leur pays de résidence depuis seulement 10 ans ou moins. 80% y vivent depuis vingt ans ou moins. 56% d'entre eux sont nés au Maroc. Les interviews ont été conduites par téléphone en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. En Espagne et en Italie, où l'immigration est plus récente, les interviews ont été réalisées en face à face.

Source : Le Matin

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