La population de l’Europe des 27 a dépassé les 500 millions. Si la croissance démographique de l’Union européenne reste positive, c’est essentiellement grâce à l’excédent migratoire
C’est officiel. L’Europe des 27 a dépassé le chiffre symbolique des 500 millions d’habitants. Au 1er janvier 2010, la population de l’Union européenne a atteint 501,1 millions de personnes, soit 1,4 million d’habitants de plus en un an, selon les chiffres publiés mardi 28 juillet par l’office statistique de l’Union européenne Eurostat. C’est une progression de 2,7‰ par rapport au 1er janvier 2009, date à laquelle les Européens étaient 499,7 millions.
Les pays qui contribuent le plus à cette évolution sont le Luxembourg, avec une augmentation de sa population de 17,2 ‰, la Suède (+ 9,1 ‰) la Slovénie (+ 7,2 ‰) et la Belgique (+ 7,1 ‰). En volume, c’est au Royaume-Uni (+ 412 000 habitants), en France (+ 347 000) et en Italie (+ 295 000) que l’augmentation est la plus forte.
La hausse globale s’explique principalement par un solde migratoire positif dans l’Union européenne : le nombre de personnes qui y entrent est supérieur au nombre de personnes qui en sortent. Ce facteur contribue à plus de 60 % de la progression de la population tandis que l’accroissement naturel, qui correspond à la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès, légèrement positif en Europe, y contribue à environ 40 %.
L'Irlande, championne de l'accroissement naturel
Les champions de l’accroissement naturel sont l’Irlande (10,2‰), loin devant Chypre (5,5‰) et la France (4,3‰). À l’inverse, le solde naturel est négatif dans 10 des 27 pays européens concernés par l’étude. « L’excédent naturel en Europe s’est progressivement réduit depuis cinquante ans, pour arriver à un niveau très modeste », analyse Gilles Pison, directeur de recherche à l’Institut national des études démographiques (Ined).
Avec en moyenne 1,6 enfant par femme, les pays européens enregistrent un taux de fécondité particulièrement faible. Cette situation s’explique par des facteurs culturels, mais aussi sociétaux. Une étude publiée en juin dernier par la Caisse d’allocations familiales, qui s’intéresse à l’influence des politiques d’aide aux familles sur la fécondité des pays développés, estime qu’aider les femmes à concilier leur vie familiale et leur vie professionnelle incite davantage à avoir des enfants que les aides financières « sèches ». L’« ancrage historique » et la « grande stabilité » de la politique familiale française expliquent ainsi, selon l’étude, que le pays est l’un des plus féconds du Vieux Continent.
À l’échelle de l’Europe, « le nombre annuel de décès va dépasser celui des naissances dans les dix ans qui viennent. La population ne pourra se maintenir que si le solde migratoire est suffisant », avertit Gilles Pison.
Un pic démographique prévu en 2050
Cette situation ne lui est pas spécifique. Selon le scénario démographique de l’Organisation des Nations unies (ONU), alors qu’un « pic » démographique mondial sera atteint vers 2050 avec 9,15 milliards d’habitants, la baisse de la population dans les pays développés atteindra un bon quart de la population actuelle. « L’excédent des décès sur les naissances va se creuser d’ici à 2050 », confirme Gilles Pison. D’où le rôle majeur de l’immigration dans le maintien des populations des pays développés.
Les États-Unis ou le Canada, également touchés par le vieillissement, voient leur population continuer à augmenter grâce à un flux d’immigration important. « Leur exemple devrait inciter l’Union européenne à afficher plus clairement ses souhaits en matière d’immigration et comme eux à les assumer », conclut le chercheur.
Source : La Croix