«Migrant au pied du mur », livre que vient de publier en ce juillet 2010 Fabien Didier Yene, Camerounais, aux éditions françaises « Séguier»,et qui relate l'aventure de ces Subsahariens subjugués par le rêve européen.
L‘auteur de ce témoignage a quitté son pays, pour faire route vers l'inconnu. S'inspirant de ses expériences personnelles et de celles d'autres migrants africains, il raconte dans ce récit deux itinéraires différents à travers les pays de migration et nous renseigne sur les épreuves subies par ces groupes de personnes désespérées – rackets, humiliations, vols, viols et meurtres – tout au long de la traversée du désert. L'histoire commence au Cameroun où deux personnes issues de différentes ethnies qui ont du mal à se faire accepter par leur groupe, décident malgré l'opposition de leur clan de se marier. Leur décision d'aller contre la volonté des deux ethnies n'arrangera rien. Leurs enfants seront refusés par les deux ethnies et finissent par être des immigrés dans leur propre pays. Fabien Didier Yene traite aussi des apparences trompeuses véhiculées par des travailleurs étrangers de retour en vacances dans leur pays d'origine.
Influencé par ces vacanciers, un pompiste marié et père d'un enfant non satisfait de sa situation décide un jour lui aussi d'immigrer pour construire ,après, une maison dans son pays. Pour financer son projet, il détourne l'argent de la caisse qu'il verse à des trafiquants vacanciers contre un visa pour l'étranger. Ce candidat à l'exil finit par être arnaqué, mais décide malgré tout de partir en traversant les frontières. L'autre partie de ce livre de fiction, mais aussi de vrais témoignages, relate l'aventure de ces migrants durant leur traversée du désert. Fabien immigré chez lui décide lui aussi de s'exiler et rencontre à la frontière tchadienne le pompiste et d'autres Camerounais pour faire chemin ensemble avec tous les risques courus.
Les immigrés sont pris en charge par des passeurs qui les détroussent et les abandonnent à la frontière algérienne ou libyenne. Mais avant de les abandonner, les passeurs font croire aux migrants que dès qu'ils auront franchi la frontière libyenne, ils trouveront du travail. Arrivés à cette frontière, ces migrants sont surpris, car ils découvrent qu'ils sont toujours dans le désert. Lorsqu'ils avancent à l'intérieur de ce pays et rentrent dans les villes, ils sont surpris par la manière avec laquelle ils sont traités : arrestations, travaux corvéables, etc. «-Si tu as de l'argent, il y a deux autres voyageurs. Demain, on pourra vous faire partir.
-Combien faut-il ?
-Douze mille francs pour un papier du HCR (Haut Commissariat aux réfugiés). Un Congolais qui y travaille pourra le faire. Il vous permettra de traverser les frontières en direction de la Libye, en passant par le Nigeria et le Niger. De ce côté, il y a des mines au désert. Tu pourras travailler facilement en Libye. Il y a du boulot. Je suis partie en Europe avec mon mari, nous sommes passés par la Libye, c'est facile. Nous sommes rentrés avec pas mal d'argent ; on a construit au pays, laissé des biens à la famille, et maintenant nous sommes là pour le business. Nous irons en Asie après. » (p. 58). Lorsqu'ils ne trouvent pas de travail en Libye, raconte l'auteur, d'autres trafiquants vont leur conseiller d'aller vers l'Algérie. Arrivés également dans ce pays, certains sont arrêtés et expulsés dans le désert malien. Les autres qui ont été épargnés par ces rafles, sont contraints de se diriger vers le Maroc, là où on leur fait croire que le passage vers l'Espagne dépend de leurs efforts physiques et non de l'argent.
Guide pratique des migrants
Le « Guide pratique pour Migrants et Réfugiés », publié en juin dernier en français et en anglais, par Oumar Diao, président de l'association des jeunes sénégalais résidant au Maroc (AJSRM) et Jean-Claude Charlot, médecin et traducteur des textes. L'objectif de cette nouvelle publication est d'orienter les migrants et réfugiés vers des structures marocaines (centres de santé, par exemple), des ambassades, des associations d'immigrés des pays d'origine, etc. Ce guide propose aussi des conseils pratiques (numéros verts, police, pompier, pharmacies) et même les prix des taxis. Le guide recense également les adresses et les aides proposées par les 18 associations africaines présentes sur le terrain. Oumar Diao a travaillé notamment quatre ans à Caritas Maroc et il est aussi membre du conseil administratif de l'association des ressortissants sénégalais résidant au Maroc (ARSEREM) et adhérent du Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM).
Source : Le Matin