samedi 23 novembre 2024 01:43

Naturalisations : Le Mouvement réformateur belge entend aller plus loin que Sarkozy

La députée fédérale MR embraye sur les déclarations du président français liant criminalité et immigration. Elle veut une loi plus sévère en matière de naturalisation. Et va même plus loin : « Même des infractions mineures » suffiraient à disqualifier un demandeur. Interview par Ettore Rizza – Chattez avec Jacqueline Galant.

La députée fédérale Jacqueline Galant planche pour septembre sur une proposition de loi destinée à durcir les conditions d’octroi de la nationalité belge. Elle proposera également de déchoir de la nationalité les personnes qui ont commis « des faits graves », ainsi que les multirécidivistes. Pour la bourgmestre de Jurbise, jamais avare d’une sortie tonitruante, la nationalité belge doit se mériter et « ne se brade pas ».

 

C’est le débat en France qui vous a donné cette idée ?

C’est plutôt en lisant ce matin dans La Libre tout ce que la N-VA veut régionaliser, et notamment la politique migratoire. Je pense que c’est une réaction à la politique laxiste menée jusqu’ici. Malheureusement, chez nous, on n’ose jamais en parler de peur de se faire traiter d’extrémiste. En étant membre de la commission des naturalisations, j’ai vu passer des choses incroyables.

Par exemple ?

La commission se déroule à huis clos, on ne peut jamais divulguer quoi que ce soit. Mais j’estime que lorsqu’on veut devenir belge et qu’on n’est même pas en ordre d’assurance avec sa voiture, qu’on roule sans permis de conduire, quelque chose ne va pas.

Est-ce vraiment si grave ?

C’est un détail, mais qui fait partie d’un tout. Lorsqu’on veut devenir belge, il faut être respectueux de toutes les règles en application chez nous.

En Belgique, les parquets peuvent s’opposer à une demande de naturalisation pour « faits personnels graves ». La clause ne vous paraît pas suffisante ?

Le problème, c’est que quatre avis sont demandés : celui du parquet, celui de la Sûreté de l’État, celui de l’Office des étrangers et celui du Service des naturalisations de la Chambre. Mais même si l’avis du parquet est négatif, la commission passe outre : la gauche y est majoritaire…

Lorsque vous dites : « Toute personne qui demande la nationalité belge doit être un citoyen exemplaire », qu’entendez-vous par exemplaire ?

J’estime, par exemple, que quelqu’un qui a déjà commis un vol à l’étalage n’est pas un citoyen exemplaire. L’intégration fait aussi partie de la définition. Des gens ne parlent pas un mot de français, de néerlandais ou d’allemand, ne sont pas du tout intégrés, ne répondent même pas aux convocations de la police… Et on les naturalise quand même.

Comment allez-vous formuler la définition de citoyen exemplaire dans votre proposition de loi ? Avoir un jour brûlé un feu rouge, par exemple, suffirait-il à disqualifier un demandeur ?

Même des infractions mineures. À partir du moment où on ne respecte pas les règles élémentaires d’un pays, je pense que l’on n’a pas droit à la nationalité.

Le reste du MR vous suit ?

La proposition émane de moi, mais elle fait l’unanimité au sein du parti. On l’avait d’ailleurs déjà mise dans le programme pour les fédérales, même si les choses étaient formulées de manière moins précise et que le sujet n’a pas été énormément exploité.

Vous ne craignez pas que l’on vous accuse de lier immigration et criminalité ?

Parmi les gens qui viennent me voir, énormément sont intégrés, travaillent et veulent devenir belges avec tous les droits et les devoirs qui en découlent. Malheureusement, il y en a aussi énormément qui ne sont pas dans ces conditions.

Allez-vous prévoir une période de prescription pour les délits ?

Tout à fait. Je pense que l’on doit quand même regarder les dix ans avant la demande de naturalisation.

Vous parlez aussi d’un « stage de probation ».

Nous avons eu récemment le cas de quelqu’un qui avait obtenu la nationalité et auquel on a dû l’enlever deux mois après parce que la personne s’est retrouvée en prison. Il est difficile de quantifier la période de stage, mais selon moi, elle devrait être d’un an ou deux, le temps de voir si la personne s’intègre vraiment après sa demande. En cas de délit au cours de cette période, on pourrait lui retirer la nationalité.

Source : Le Soir.be

 

 

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