mercredi 3 juillet 2024 14:18

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

L'immigration investit dans le capital humain

Le développement ne se limite pas seulement à la construction de grands ouvrages, mais surtout à l'investissement dans l'élément humain. Dans ce cadre, un projet fédérateur réunissant des acteurs associatifs issus de l'immigration en France et des associations partenaires au Maroc œuvre pour le renforcement des capacités des sociétés civiles et des liens d'ici et d'ailleurs.

Ce partenariat vise la défense des intérêts collectifs afin de mieux appréhender les questions relatives à la démocratie, à l'immigration, à la citoyenneté, au développement et à la solidarité Sud-Sud-Nord. «Notre association fait partie du mouvement de la solidarité internationale qui rêve qu'après la crise économique, un monde nouveau soit possible. Nous militons en France pour la défense des étrangers clandestins, mais aussi nous sommes sensibles à la situation des Subsahariens au Maroc », a lancé Latif Mortajine, président du réseau Immigration développement démocratie (IDD), lors du séminaire national organisé dernièrement à Mehdia sur le thème « Migrations et développement : quelle dynamique ? Quelles perspectives? ».
Cette rencontre s'inscrit dans le cadre du projet « Associations migrantes, associations villageoises : une mise en réseau pour un développement local et solidaire », réalisée par l'Initiative conjointe sur la migration et le développement (ICMD), initiée par l'Onu et l'Union européenne.

Sur le terrain, ce projet solidaire réunit le Réseau Immigration développement démocratie (IDD), le Forum des Alternatives Maroc (FMAS), l'Institut de formation des agents de développement (IFAD) à Rabat et l'Association Touya pour l'action féminine à El Hoceima.

Ce projet lancé en octobre 2009 et qui s'achève en mars 2011 comprend une formation-action de onze mois en partenariat avec l'IFAD au profit de 24 personnes issues de 12 associations. Les stagiaires ont travaillé d'abord sur le diagnostic et la méthodologie de projets en s'inspirant du projet « Ecole pour Tout ». Un programme mené par l'association française «Khamsa» et qui vise la rénovation des établissements scolaires ruraux. L'objectif de ce projet après électrification, raccordement en eau potable, construction de toilettes, d'une bibliothèque et salle multimédia ainsi que des travaux de finition (peinture, aménagement des espaces verts, etc.) est de transformer ces écoles en un centre de proximité ouvert également sur le village. Ces travaux de réhabilitation sont effectués par des élèves de lycées professionnels français dans le cadre de leur stage pratique et qui financent eux-mêmes le prix de leur voyage.

Autre volet proposé par la formation, les techniques de communication. A ce niveau, l'association Tanmia (développement) au Maroc, a formé les participants à la création de blogs et de podcast (documents vidéo). « Pour que chaque association puisse communiquer sur ses activités; tous ces blogs ont été mis sur le blog du projet fédérateur », a souligné Christiane Dardé, chargée de la formation à l'IFAD.

Par ailleurs, la mise en réseau des associations au Maroc et les relations Sud-Sud-Nord sont des composantes de ce projet. Sur ce dernier point, des intervenants à cette rencontre ont appelé le Maroc à profiter de l'apport des migrants arrivés sur son territoire pour son développement à l'instar des autres pays industrialisés. Dans ce sens, deux témoignages d'étrangers vivant au Maroc ont été présentés : Fabien Didier Yene, Camerounais, auteur du livre «Migrant au pied du Mur» et le Sénégalais Oumar Diao, co-auteur du «Guide pratique pour Migrants et Réfugiés» au Maroc.

Plusieurs études ont démontré que le lien positif entre migration et développement aussi bien pour les pays d'accueil que pour les pays d'origine. Le rapport du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) « Lever les barrières : mobilité et développement humain », publié en 2009 est sur ce point sans équivoque. Toutefois, cette dynamique nécessite la professionnalisation du secteur associatif. « Notre réunion s'inscrit dans le cadre du prolongement du travail commencé en 1999 avec l'adoption de la Charte de la culture en 2000 et celle du développement solidaire votée en 2008. D'autre part, notre dynamique a besoin d'être accompagnée par un renforcement de la vie associative», a souligné Abdallah Zniber, coordinateur national d'IDD.

Pour remédier aux problèmes du monde associatif, les participants à cette réunion ont décidé d'engager dans les mois à venir une réflexion commune entre associations migrantes, villageoises et acteurs institutionnels, pour dégager une vision claire permettant de pérenniser les forces vives des associations. Ce qui signifie, d'une part, étudier les modalités de capitalisation des acquis de la formation-action, mais aussi d'envisager les opportunités concrètes pour renforcer les ressources humaines dans les associations. Renforcer le rôle des associations est aussi le souhait du Réseau euro-méditerranéen Migration et Développement, qui a organisé fin juillet sa troisième rencontre à Larache, et qui a appelé à associer la société civile aux préparatifs du forum mondial Migration et Développement, prévu en 2012 au Maroc.

Les perspectives

Les participants au séminaire de Mehdia ont appelé à la nécessité de clarifier les relations partenariales entre associations d'ici et de là bas, à travers plus de liens et plus de communication. Ils ont également appelé à l'importance d'inscrire les liens des associations marocaines (et migrantes) avec les collectivités locales dans des projets structurants par la nécessité de dégager des méthodologies de conduite spécifique à des projets communs. Cette dynamique s'inscrit aussi dans le cadre d'établissement de liens Sud-Sud-Nord. A cet effet, un séminaire international aura lieu en janvier 2011 entre les associations issues de l'immigration, les associations villageoises marocaines, maliennes, sénégalaises et mauritaniennes autour de la thématique «migrations et développement ».

Source : Le Matin

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