samedi 23 novembre 2024 02:30

Le ministre de l'Immigration détaille le projet de loi qu'il défendra à la rentrée au Parlement

Il affirme que la déchéance de nationalité en cas de polygamie, proposée par le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, est «complexe».

LE FIGARO.- La déchéance de la nationalité est plébiscitée dans le sondage Ifop publié ce vendredi par Le Figaro. Cela clôt-il la polémique?

Éric BESSON.- Ce très fort soutien populaire à l'action du chef de l'État confirme que les Français veulent une société sûre fondée sur un ordre républicain exigeant et un équilibre entre droits et devoirs. Quant aux annonces du président sur la déchéance de la nationalité, n'extrapolons pas et ne créons pas d'inutile épouvantail. Son raisonnement est simple: quelqu'un qui acquiert la nationalité française (par exemple par le mariage) et qui commet dans les années qui suivent un crime grave contre un policier, un gendarme, un magistrat, un préfet… doit se voir déchu de la nationalité française. Il n'y a là rien de choquant sur le plan des principes républicains et nous devrions sans problème trouver une formulation qui respecte la Constitution puisque c'était la loi jusqu'en 1998!

Le retrait de nationalité pourra-t-il s'appliquer aux cas de polygamie et d'excision?

Sur un plan politique, nous devons lutter avec détermination contre la polygamie et l'excision. Mais, sur un plan juridique, la déchéance est complexe à envisager, notamment pour la polygamie. Cela devra être arbitré après un travail interministériel, notamment avec le ministère de la Justice.

Considérez-vous, comme l'a dit Nicolas Sarkozy, que le modèle français d'intégration « ne marche plus »?

Remettons les choses dans leur contexte. À Grenoble, le président dénonçait des malfrats qui avaient essayé de tuer des policiers. Il disait que l'immigration illégale et la culture des bandes aboutissaient à un échec de l'intégration dans ces quartiers. Mais tous les jeunes étrangers ou Français d'origine étrangère ne sont pas, loin s'en faut, des délinquants, et la France est aussi riche de ses entrepreneurs, chercheurs, artistes, sportifs issus de l'immigration, symboles d'une intégration réussie. En tant que ministre de l'Intégration, je revendique le droit à la nuance. Ni déni de la réalité, ni généralisation.

Mais comment stopper l'immigration irrégulière sans politique de quotas?

Nous pratiquons une politique «d'immigration choisie» qui est désormais celle de toute l'Union européenne. Par ailleurs, les accords migratoires que nous signons avec les pays africains comprennent des quotas par professions correspondant à nos besoins et à nos capacités d'intégration. L'intégration repose sur quatre piliers: la maîtrise de la langue française, le respect de nos valeurs, l'emploi et le logement.

Où en sont les accords avec la Roumanie, d'où viennent l'essentiel des Roms?

Nous allons accroître notre coopération avec la Roumanie où je me rendrai le 9 et 10 septembre, avec Pierre Lellouche, le secrétaire d'État aux Affaires européennes. Je me réjouis que le gouvernement roumain ait nommé récemment un secrétaire d'État à la Réinsertion des Roms. Nous attendons beaucoup du nouveau fichier Oscar, qui permettra d'identifier les Roms qui reviennent en France pour bénéficier à nouveau de l'aide au retour volontaire.

Le projet de loi sur l'immigration que vous présenterez fin septembre durcira-t-il les conditions d'acquisition de la nationalité française?

Il renforce la solennité de l'acquisition de la nationalité française en demandant à l'étranger qui devient français de s'engager par écrit à respecter nos lois et nos valeurs parmi lesquelles la laïcité et l'égalité homme-femme. Ce n'est pas purement théorique. Avec le premier ministre, nous avons signé récemment trois décrets d'opposition refusant la nationalité française à des hommes qui déclaraient ne pas reconnaître la laïcité ou imposaient le voile intégral à leurs épouses.

Revenez-vous sur l'acquisition automatique de la nationalité pour les enfants nés sur le sol français?

À Grenoble, je n'ai pas entendu le président mettre en cause le droit du sol pour les jeunes nés en France de parents étrangers. Il a demandé à ce que l'acquisition de la nationalité française ne soit pas automatique pour les jeunes ancrés dans la délinquance, ce qui peut jouer un rôle dissuasif efficace. Le gouvernement présentera un amendement en ce sens respectueux de nos principes républicains lors du projet de loi que je défendrai en septembre.

Source : Le Figaro

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