Le thème de la journée d'étude de ce 10 août 2010 permettra une vision globale et concertée des stratégies pour une meilleure garantie des droits de la diaspora marocaine.
«Crise économique et protection des droits des MRE». En lui-même le thème retenu à l'occasion de la célébration de la journée nationale des MRE n'est pas fortuit. Et pour preuves, un peu partout dans le monde, les droits des migrants ont toujours été à géométrie variable et ont connu des restrictions, surtout durant les crises. L'actuelle déprime économique a engendré des problèmes spécifiques à la communauté marocaine résidant à l'étranger qui nécessitent d'être solutionnés. Et l'on s'attend à ce que la rencontre de ce 10 août puisse se traduire par la mise en place d'une sorte de feuille de route qui guidera les futures actions dans le domaine. Il faut dire qu' à l'heure actuelle, les droits des migrants en général et des Marocains de l'étranger en particulier, semblent présenter «plusieurs lacunes et connaître certaines limites et restrictions et ne sont pas toujours respectés dans la pratique».
Laissés pour compte, les migrants font le plus souvent les frais du resserrement du marché du travail. Par la force des choses, ils risquent d'être dans la ligne de mire des différents plans d'austérité et/ou de rigueur qui se profilent à l'horizon. Autant les droits et obligations des uns et des autres seraient susceptibles d'être bafoués. Qui plus est, dans le pays d'accueil, le MRE est bridé par de multiples contraintes sociales et financières. C'est dire que, par les temps qui courent, la planche de salut voudrait que l'on soit à leur chevet. La sensibilisation aux droits et aux moyens de les sauvegarder est jugée autrement plus incontournable.
Sur un plan purement économique, la crise aura étalé des nouvelles situations très variables selon les secteurs. En filigrane, l'actuel contexte a entraîné une contraction des affaires, une frilosité quant aux risques à prendre. Pour les MRE qualifiés, deux phénomènes apparaissent clairement. Le premier se traduit par une volonté affichée de vouloir une implication professionnelle au Maroc et de trouver les voies et moyens d'observer et de suivre les potentiels de demandes d'emploi et ou d'opportunités d'installation.
Le second est la poussée associative pour faciliter la rencontre entre jeunes migrants qualifiés et entreprises marocaines. C'est un nouveau phénomène de la part du mouvement associatif des migrants qualifiés dans les pays d'accueil.
La crise a donné une impulsion au mouvement associatif. Dans l'ensemble des pays d'accueil, les mouvements associatifs des migrants qualifiés constituent un maillage de réseaux et d'opportunités faits de solidarités professionnelles, familiales et amicales. Elles jouent alors le rôle de soutien logistique et de références aux activités de marchés de ses membres. On le comprend aisément, sur ces deux volets, la protection des droits des MRE s'impose comme une épée de Damoclès. D'autant que dans le cadre de la stratégie de mobilisation en faveur de cette communauté, il est un axe que l'on ne saurait reléguer au second plan. Il a trait à la défense des intérêts des Marocains du monde et la promotion de leur situation juridique, sociale et humaine aussi bien au Maroc que dans les pays d'accueil.
Aujourd'hui, la diaspora marocaine offre de nouvelles perspectives de coopération et de partenariat avec le Maroc. Certes, les émigrés marocains se posent en investisseurs dans différents secteurs productifs, particulièrement les petites et moyennes entreprises. Ils participent ainsi à la création d'entreprises et à la croissance de l'activité économique. Les investissements économiques de la diaspora marocaine participent aussi à la création d'emploi productif au Maroc. Cependant, en préservant leurs droits, cette propension ne peut qu'aller crescendo.
Voilà pourquoi la rencontre de Rabat a pour principal objectif de faire l'état des lieux des problèmes de droit que connaît la Communauté marocaine à l'étranger, tous les pays d'accueil et quelle que soit son origine géographique au Maroc ou sa catégorie (selon l'âge, le sexe, les qualifications, le statut juridique et social, etc.).
Elle mettra cependant l'accent sur les conditions juridiques des plus vulnérables en ce temps de crise (les femmes, les enfants et les retraités notamment). La principale problématique de la rencontre du 10 août concerne le contenu des droits des migrants et leur application à la Communauté marocaine résidant à l'étranger, l'impact de la crise économique sur les droits des Marocains du monde et la nécessité de mieux défendre ces droits.
Des droits entachés de lacunes
Les droits de la Communauté marocaine résidant à l'étranger sont, en général, les droits de tous les migrants, partout dans le monde. Ce sont des droits généraux et spécifiques tels que proclamés dans les instruments internationaux des droits humains, des droits basés sur la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les êtres humains, sans distinction de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion, ou d'origine nationale ou sociale. Ce sont des droits économiques (comme le droit au travail et dans le travail), des droits sociaux (comme le droit à vivre en famille, le droit à être protégé contre l'injustice, le droit à la santé ou bien encore le droit à l'éducation et à un logement décent), des droits culturels (comme le droit à participer à la vie culturelle du pays d'accueil et du pays d'origine, le droit de pratiquer sa culture et sa religion et le droit de parler sa langue maternelle), des droits civils (comme le droit d'ester en justice et d'être jugé équitablement, le droit de se marier et de fonder une famille, le droit d'avoir des enfants et de divorcer et le droit à la préservation de sa vie privée) et des droits politiques (comme le droit à prendre part aux affaires publiques dans le pays d'origine et le pays d'accueil et le droit d'association). Ces droits sont garantis par plusieurs instruments juridiques internationaux, généraux et spécifiques, universels et régionaux et sont proclamés par les législations nationales des pays d'accueil et des pays d'origine.
Source : Le Matin
10 août 2010