Policiers effectuant un recensement dans un camp illégal de Roms à Saint-André-lez-Lille, dans le Nord. Des experts du Comité de l'Onu pour l'élimination de la discrimination raciale (Cerd), réunis mercredi et jeudi à Genève, ont épinglé la politique de la France envers les étrangers, considérée comme discriminante, évoquant notamment le débat sur l'identité nationale, l'idée du président Nicolas Sarkozy de déchoir des personnes d'origine étrangère de la nationalité française dans certains cas et les récentes mesures prises contre les Roms. (Reuters/Pascal Rossignol)
Le débat sur l'identité nationale, l'idée du président Nicolas Sarkozy de déchoir des personnes d'origine étrangère de la nationalité française dans certains cas et les récentes mesures prises contre les Roms ont choqué les experts, qui rendront leurs conclusions le 27 août.
Réfutant leurs critiques, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, a déclaré que la France était "un Etat de droit rigoureusement respectueux des droits de l'homme".
Les 18 membres de la Cerd sont chargés de vérifier les efforts des 173 pays signataires de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale pour se conformer à ce texte.
L'expert togolais Ewomsan Kokou, cité par Le Monde, a pointé une "recrudescence notable du racisme et de la xénophobie" en France.
Selon un compte rendu de la réunion que s'est procuré Reuters, le discours de Nicolas Sarkozy qui suggérait fin juillet à Grenoble de déchoir de la nationalité française "toute personne d'origine étrangère" portant atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police est "non seulement discriminant contre les Français d'origine étrangère" mais il "constitue également une incitation à la haine", a déclaré un membre non identifié.
Ce dernier a aussi qualifié de fait "grave" l'adhésion de la majorité de la population française à ce discours, comme l'a montré un récent sondage.
STIGMATISATION
"La politique sécuritaire de la France est marquée par la stigmatisation de l'immigration comme cause de tous les maux", a déploré un autre membre du Comité.
"De nombreux experts ont évoqué la situation des Roms et gens du voyage en France, l'un d'entre eux se demandant pourquoi, alors que la liberté de circulation est garantie en France, des Français appartenant à des minorités sont obligés de se munir de carnets de circulation", lit-on dans le compte rendu.
Le rapporteur du Comité, Pierre-Richard Prosper, a estimé pour sa part qu'il était "temps pour la France de faire vivre les rêves de liberté, d'égalité et de fraternité".
Pierre Lellouche a réagi dans un communiqué en indiquant que "la France est un Etat de droit rigoureusement respectueux des Droits de l'Homme dont elle a été la première inspiratrice depuis deux siècles".
"Les polémiques entretenues ici ou là au sujet de décisions prises par le gouvernement français n'ont par conséquent pas lieu d'être", a ajouté le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes.
"Qu'il s'agisse de notre politique de sécurité, de la lutte contre l'immigration clandestine et les trafics d'êtres humains, ou de l'interdiction du port du voile intégral dans l'espace public, toutes ces politiques actuellement menées par le gouvernement français ne visent précisément qu'à garantir les libertés publiques, et notamment l'égalité des droits des femmes, à protéger les plus vulnérables contre les trafics d'êtres humains et à préserver le premier des droits de l'homme, qui est le droit à la sécurité", souligne-t-il.
Dans leurs conclusions, qui n'ont aucun caractère contraignant, les experts du Cerd pourraient demander à la France d'apporter des améliorations sur certains points et de venir leur en rendre compte dans un délai défini.
Source : L’Express.fr