mercredi 3 juillet 2024 14:23

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Dure, dure la crise pour les Marocains résidant à l’étranger

Les migrants sont les premiers à perdre leur emploi vu qu’ils travaillent dans des secteurs vulnérables à la crise.

L’Espagne exige aux migrants un contrat de travail pour pouvoir s’inscrire au registre municipal.

Le constat est alarmant. La crise n’a fait qu’accentuer la situation des Marocains résidents à l’étranger surtout ceux installés dans les pays européens. Les participants à une rencontre internationale, oragnisée mardi dernier, ont dressé un tableau noir en matière de protection des droits des migrants. «En cette période de crise, les migrants deviennent plus exploités et sont plus exposés au risque du chômage vu que la majorité d’entre eux travaille dans des secteurs vulnérables notamment l’industrie», indique Philippe Bancour, de l’Organisation internationale pour la migration lors de la rencontre, initiée par le ministère chargé de la Communauté marocaine à l’étranger. Et d’ajouter, «en 2008/2009, le taux de chômage est deux fois plus important chez les migrants que chez les autochtones. En cette situation de crise, les migrants font preuve d’une grande capacité d’adaptabilité. La preuve c’est que cette augmentation du chômage n’a pas été accompagnée d’un retour massif des migrants».

Les inégalités persistent même pour ceux qui ont pu décrocher un travail et qui sont estimés plus chanceux. «A chaque fois qu’on mène une étude auprès des migrants en France, on obtient un pourcentage de 25à 30% de personnes qui nous déclarent qu’ils ont été victimes de discriminations», affirme le délégué régional de la Confédération française démocratique du travail à l’île de France. Ce syndicaliste chargé du dossier «Emploi et discrimination» au sein de la confédération a indiqué que la discrimination envers les travailleurs migrants prend plusieurs formes. «Depuis 2004, le gouvernement français a instauré le droit des travailleurs illettrés à apprendre le français. On a relevé que de nombreuses entreprises s’abstiennent à assurer ce droit aux travailleurs migrants», explique-t-il tout en ajoutant que les migrants travailleurs sont privés également de leur droit à la formation continue.  La situation en Espagne est encore plus inquiétante. Selon Sakina Souleimani, présidente de l’Association des cadres de la médiation en Espagne, les migrants souffrent des restrictions du gouvernement espagnol pour l’accès à l’emploi. «L’Espagne a procédé à la réduction de 5% des salaires publics et à la diminution de l’offre d’emplois publics», indique-t-elle avant d’ajouter, «le plus alarmant c’est que l’Espagne exige aux migrants un contrat de travail pour pouvoir s’inscrire au registre municipal. Elle a procédé également à  l’endurcissement des  procédures du regroupement familial et de l’obtention du permis de séjour». Quant aux droits sociaux et culturels des migrants, Sakina Souleimani a indiqué que le gouvernement espagnol a privé les migrants des services d’attention primaires et a réduit les subventions pour les activités culturelles.

En Italie, la situation des migrants ne diffère pas beaucoup de celle des migrants en Espagne. Dans ce pays, un migrant irrégulier est considéré comme une personne criminelle. Le gouvernement italien a procédé lui aussi à la réduction de 10% des budgets des ministères et des organismes. Une décision qui touche directement les migrants résidant dans ce pays.

Cette rencontre a été l’occasion de présenter la situation des Marocains résidents en Afrique, souvent oubliés lors des débats sur les MRE. Sidi Mohammed Farssi, président du Conseil national des Marocains au Sénégal a affirmé que les Marocains résidents en Afrique sont plus touchés par la crise en raison de la fragilité de l’économie des pays où ils résident. «La grande majorité des Marocains travaille dans des secteurs informels subissant ainsi de mauvaises conditions de travail», ajoute ce membre du Conseil de la communauté marocaine résidente à l’étranger. précisant que le secteur formel est très réduit dans les pays africains. Ce qui oblige les Marocains à travailler dans le secteur informel.

A la fin de cette rencontre initiée à l’occasion de la Journée nationale des MRE, une longue liste de recommandations a été présentée au ministre chargée de la Communauté marocaine à l’étranger. telles que la création d’une caisse de solidarité pour la protection des droits des Marocains à l’étranger. Les participants ont appelé également à l’organisation d’activités d’information et de sensibilisation des MRE pour qu’ils soient mieux informés de leurs droits.

En Italie, un migrant irrégulier est considéré comme une personne criminelle.

Interview

Abdelhamid El Jamri, Président du comité sur les travailleurs migrants/Nations unies

«Une convention pour les travailleurs domestiques migrants est à l’étude»

Que stipule la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants, adoptée en 1990 par l’assemblée générale des Nations unies ?

La convention assure un ensemble de droits qui s’appliquent à tout le processus de migration des travailleurs migrants et des membres de leur famille. Dans le pays d’origine, elle stipule par exemple le contrôle des agences de recrutement. Elle protège le migrant tout au long de son parcours migratoire à savoir dans le pays de transit et d’accueil. Dans ce dernier, la convention assure aux migrants tous les droits civils et culturels dont jouissent les autochtones notamment le droit à la gratuité de l’école et au travail. Les entreprises ne doivent pas, par exemple, prévoir des contrats de travail pour les migrants différents de ceux adoptés pour les autochtones. La convention contient également des clauses protégeant les droits des personnes irrégulières.

Pensez-vous que cette convention est efficace pour la protection des droits des migrants sachant qu’à ce jour, elle n’a pas été ratifiée par aucun pays du Nord ?

Même si elle n’est toujours pas ratifiée par les pays du Nord, la convention constitue tout de même la référence au niveau international en matière de protection des droits des travailleurs migrants. On a réalisé plusieurs études pour montrer qu’il n’y a aucun argument juridique qui empêche les pays du Nord à ratifier cette convention. Les pays d’accueil ont peur de donner plus de droits aux migrants irréguliers en ratifiant cette convention. C’est une idée erronée car plus les pays ferment les voies pour la migration légale, plus elle augmente l’immigration illégale. La réticence des pays du Nord envers la ratification de cette convention est expliquée également par la dualité entre les courants qui sont pour la migration, pour apporter la main d’œuvre, et ceux qui sont contre.

Le comité des Nations unies sur les travailleurs migrants travaille actuellement sur une nouvelle convention qui vise la protection des travailleurs domestiques migrants. Que prévoit cette convention ?

 Cette convention est très importante car de nombreux migrants, essentiellement des femmes, travaillent dans des domiciles. Ils sont privés de plusieurs de leurs droits vu que les maisons ne sont pas accessibles aux inspecteurs de travail. On est toujours en cours de travail sur cette convention. On a eu récemment plusieurs discussions avec les gouvernements et les syndicats des travailleurs pour arriver à une convention qui protège au mieux les travailleurs domestiques.

Source : Le Soir Echos

13 août 2010

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