Si la journée du migrant organisée, mardi dernier à Rabat, a permis d'enclencher le débat sur les droits des MRE en période de crises et sur les moyens de les protéger, elle a permis aussi et surtout d'insister sur la nécessité pour la communauté marocaine établie à l'étranger de resserrer les rangs et de coordonner leurs efforts pour faire face éventuellement aux abus dans les pays d'accueil. Car, comme cela a été souligné par certains intervenants, la désunion et le manque de coordination ne peuvent que miner l'action des MRE et en limiter l'efficacité. Le secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), Abdallah Boussouf, ne mâchait pas ses mots quand il demandait aux MRE d'assumer leurs responsabilités dans la défense de leurs droits. Pour lui, le combat pour la protection des droits des Marocains du monde ne peut se livrer sur le seul sol marocain ou par les seuls pouvoirs publics.
C'est un défi qui ne peut être relevé que par des structures solides, solidaires et performantes, « ce qui n'est pas le cas aujourd'hui », a-t-il déploré. «On ne peut pas défendre les droits des migrants à partir du Maroc seulement. Les ressortissants marocains à l'étranger doivent s'impliquer davantage dans ce combat là où ils se trouvent. Mais pour qu'ils soient mieux à même de remplir cette mission, ils doivent se mettre à niveau et développer leurs capacités, coordonner leurs actions et restructurer leurs réseaux», a expliqué le secrétaire général du CCME, précisant que «le tissu associatif se trouve dans un état tel qu'il est incapable de défendre les droits des MRE». M. Boussouf a insisté dans la même optique sur l'importance pour les Marocains établis à l'étranger de prendre leur destin en main et de faciliter le travail que l'Etat fait pour leur venir en aide sur le plan juridique. «Il est difficile pour un Etat comme le Maroc d'aller défendre les droits des migrants dans les pays d'accueil. Beaucoup de pays verraient ça mal et le considéreraient comme une immixtion dans leurs affaires internes, notamment en ce qui concerne les questions religieuses», a-t-il souligné.
Et d'ajouter que «le Maroc ne peut pas donc aider directement ses ressortissants, mais il peut les accompagner et les encadrer pour peu qu'ils soient organisés et qu'ils veuillent mettre à profit les positions qu'ils occupent dans les pays d'accueil».
Il est primordial selon lui, de trouver une élite capable d'adopter et de défendre la cause des MRE dont les droits sont bafoués, devant l'opinion publique européenne.
M. Boussouf estime en effet que quel que soit l'arsenal juridique mis en place dans les pays d'accueil, les MRE ne seront pas à l'abri de certaines injustices. « Il n'y a pas de garantie si les Marocains ne sont pas mobilisés, vigilants et unis », a-t-il dit, insistant sur la nécessité de promouvoir et développer la culture de « l'action commune et concertée » dans les rangs des MRE. « Actuellement, l'action de nos MRE est désordonnée et incohérente. Il faut cordonner les efforts, fixer les priorités et les objectifs et travailler ensemble pour les atteindre ».
Le SG du CCME a appelé en fin les MRE à lutter contre les stéréotypes et les idées reçues en évitant d'adopter les comportements qui alimentent la suspicion et la peur chez l'autre. « Vous n'êtes pas sans savoir les appréhensions que les citoyens des pays d'accueil éprouvent pour les immigrés. Et qui poussent leurs politiques à prendre des mesures qui vont parfois à l'encontre de la loi », a-t-il lancé. « Il faut que les MRE constituent une valeur ajoutée aux sociétés européennes. Faute de quoi, tout discours sur les droits des MRE ne trouvera aucun écho en dépit des bonnes intentions ».
Source : Le Matin