"La politique de Nicolas Sarkozy rappelle le souvenir de la gestapo en expulsant les Roms" titrait, le 17 août, le Times (Grande-Bretagne), repris par The Australian. Le quotidien indigné raconte l'expulsion des Roms de Choisy-le-Roi lors de laquelle les policiers ont accordé trente minutes aux Roms pour quitter leurs abris, installés sous une autoroute.
Diversion
"La France se prépare à expulser les gitans étrangers", titre le Wall Street Journal. Le quotidien économique américain rappelle que ces mesures s'inscrivent dans une surenchère sécuritaire pour laquelle le chef de l'Etat, confronté à plusieurs revers, est accusé de "faire diversion": l'affaire Bettencourt, les mauvais résultats aux régionales de mars et le taux élevé du chômage.
Le Financial Times évoque les dissensions au sein de la majorité à propos de la gestion de ce dossier. Le journal cite notamment les réactions indignées des députés UMP (villepinistes) François Goulard et Jean-Pierre Grand.
"La politique d'immigration de Sarkozy qualifiée de 'raciste'" titre le Montreal Gazette. Le journal québécois explique qu'une partie de la droite s'inquiète du brouillage de l'image internationale de la France causée par ces "mesures répressives teintées de racisme".
Nicolas Sarkozy attise de dangereux sentiments anti-immigrés pour un gain politique à court terme
Quelques jours auparavant, un éditorial du New York Times accusait Nicolas Sarkozy d'"attiser de dangereux sentiments anti-immigrés pour un gain politique à court terme" avec sa proposition de déchéance de nationalité pour les délinquants d'origine étrangère.
"Confronté à une baisse de sa popularité et à un rajeunissement du leadership du Front National, le président de la République renchérit dans la rhétorique anti-immigrés. Il inquiète les conservateurs défenseurs des droits de l'Homme et de légalité des citoyens. Ces derniers ont raison d'être préoccupés, et lui a tort de ne pas tenir compte de leurs sages conseils" conclut le journal.
Pour le journal slovaque SME, "il est difficile de croire que 20 000 Roms de Bulgarie et de Roumanie, vivant au milieu de 60 millions de Français puissent provoquer une hausse de la criminalité telle qu'elle justifierait ces actions contre eux (...) Les Roms servent de boucs émissaires pour détourner l'attention des Français de la crise économique et des mesures d'austérité.
Plus grave est la crise, plus forte est la poussée de xénophobie
Un éditorial d'El Tiempo (Colombie) considère que "plus grave est la crise, plus forte est la poussée de xénophobie". De nombreux pays qui ont connu la croissance avec l'aide d'une main d'œuvre et de cerveaux étrangers, se retournent contre les immigrés dès que la crise pointe son nez. Nicolas Sarkozy, comme Silvio Berlusconi connaissent bien cette relation entre crise et xénophobie et savent en profiter. Les lois contre les clandestins ont un peu plus d'un an en Italie, et elles n'ont pas fait diminuer la délinquance, autre phénomène de temps de crise.
Liberté, égalité, fraternité
Quelle est la différence entre Jean-Marie Le Pen et Nicolas Sarkozy, interroge Nueva Tribuna, (Espagne). "La France de la devise 'liberté, égalité fraternité' tombe en miettes." Les mots à l'ordre du jour sont plutôt 'honte', 'horreur' et 'incitation à la haine raciale'.
La politique française vis-à-vis des Roms est inefficace et elle fait porter ses conséquences sur les pays voisins, considère Il Sole 24 ore(Italie). "La répression oblige les Roms à se cacher dans d'autres villes et à l'étranger, notamment en Italie. Là, ils attendent que la chasse aux Roms s'arrête, que les médias parlent d'autre chose, et alors ils reviendront" pronostique le quotidien.
Le correspondant à Paris de l'International Herald Tribune, John Vinocur, rappelle que Nicolas Sarkozy n'est pas le seul homme politique européen à durcir les règles vis-à-vis des étrangers. Les propos et les actions des politiciens suisses ou néerlandais sont encore plus durs. L'éditorialiste rappelle que les politiques européennes en matière d'immigration font surtout preuve d'incohérence. Pas assez d'intégration -avec l'absence de discrimination positive- et trop de tolérance.
Source : L’Express.fr