Le nouveau film «Mosquée» de Daoud Aoulad Syad vient d’être sélectionné au Festival international de cinéma de San Sebastian. Né à l’occasion du tournage du film «En attendant Pasolini», l’histoire raconte la vie d’un homme dont la vie a été bouleversée par l’arrivée d’une mosquée de décor. Entretien avec Daoud Aoulad Syad, autour de cette histoire extraordinaire.
C’est l’histoire de quelqu’un de simple qui vit tranquillement. Un film arrive dans le village, il loue son terrain pour les décors et il se retrouve sans rien. C’est une histoire extraordinaire. Le film raconte la quête qu’il mène pour récupérer son terrain» nous explique le réalisateur Daoud Aoulad Syad. L’idée de ce film est née d’une histoire vraie. Alors qu’il tournait son dernier film «En attendant Pasolini», Daoud Aoulad Syad cherchait pour tourner une grande place dans le désert, avec un grand arbre, sorte de décor idéal. Il réussit à trouver cet endroit, vers Zagora, mais sans rien autour. Pour les besoins du tournage, l’équipe loue le terrain et construit les décors autour de la place, avec des boutiques, des maisons et une petite mosquée. Puis, la fiction se confond avec la réalité… «Tout se passait très bien. Les gens du village faisaient les figurants pendant le tournage. Puis lorsque nous avons commencé à tourner la première semaine, à l’heure de la prière, les gens sont venus prier dans notre mosquée de décor, même s’il s’agissait juste d’une devanture. Cela nous faisait sourire au début», raconte le réalisateur au Soir échos. Puis, peu à peu, la mosquée a pris de plus en plus d’importance aux yeux des habitants. «Le monsieur qui m’a loué le terrain m’a demandé s’il pouvait mettre un cadenas pour fermer la porte de la mosquée en dehors des heures de tournage. On est parti de Zagora pour Ouarzazate pendant 2 ou 3 semaines. Durant notre absence, les villageois se sont réunis pour demander au propriétaire d’ouvrir le cadenas de la mosquée, et il n’a pas pu dire non », poursuit-il. Ce qui au début pouvait faire sourire est devenu un réel problème pour le propriétaire du terrain où avait été construite cette fausse mosquée. «C’est devenu une vraie mosquée pour eux. Le monsieur ne pouvait plus récupérer son terrain. Or avant le film, il vivait dessus, c’était terrible pour lui», déclare Daoud Aoulad Syad. Dans son nouveau film «Mosquée», il raconte sous forme de fiction cette histoire vraie, centrée sur la vie de cet homme qui a vu sa vie chamboulée par l’arrivée d’une mosquée de décor sur son terrain. En quelques semaines de tournage, il s’est retrouvé dans une situation délicate, il n’avait plus rien pour vivre et les gens voulaient venir dans la mosquée.
Le tournage s’est déroulé dans la région de Zagora, après une année de préparation du film, pendant 6 semaines. «Un bon tournage, c’était un plaisir» nous confie Daoud Aoulad Syad. L’avenir de cette nouvelle réalisation s’annonce bien. Le film «Mosquée» vient tout juste d’être nominé pour la sélection officielle de San Sebastian, 4e Festival de cinéma du monde. «C’est le seul film arabe et africain de la compétition. Cela m’a fait très plaisir. C’est un rêve d’être sélectionné dans un festival aussi prestigieux que San Sebastian, à la fois pour le film mais aussi pour le cinéma marocain» nous déclare-t-il. Quant à la fin de l’histoire, à savoir si l’homme a pu retrouver son terrain, ou si la mosquée est toujours érigée sur ses terres, rendez-vous dans les salles de cinéma pour voir le film, dont la sortie est prévue vers la fin de l’année.
23 août 2010
Source : Le Soir