La Kafala, procédure de prise en charge d’un enfant abandonné, en vigueur au Maroc, n’est pas reconnue dans certains pays européens comme une adoption au sens européen du terme. Ainsi, de nombreux Marocains se retrouvent confrontés à l’impossibilité d’obtenir un visa pour les enfants adoptés sous Kafala. C’est ce qui est arrivé récemment à un couple marocain résidant en Ligurie (nord-ouest d’Italie).
Les faits suivants sont rapportés par l’Association Amici dei Bambini (Ai.Bi) ou Amis des Enfants, une ONG italienne de protection d’enfants abandonnés aussi bien en Italie que sur le plan international.
Mohammed Barakat, et son épouse Amina, Marocains résidant en Ligurie depuis une trentaine d’années, ont obtenu en mai dernier au Maroc, la prise en charge d’un enfant abandonné de près de deux ans. Le couple a ensuite entamé les démarches pour avoir les documents nécessaires au séjour de l'enfant en Italie. Mais le visa lui a été refusé, car la loi italienne ne reconnait cette forme d’adoption.
« Les raisons pour lesquelles on nous a refusé le visa sont absurdes » a expliqué Mohammed. « On nous a dit que la mère biologique est vivante, mais il s’agit d’un enfant abandonné. La personne qui l’a mis au monde ne peut prendre soin de lui, la naissance de cet enfant a été comme une honte à cacher à la famille de la maman. Malheureusement, au Maroc il y a beaucoup d’exemples similaires d'enfant nés de relations illicites (hors mariage) et qui finissent abandonnés quelque part », a ajouté Mohammed.
Aujourd’hui, la famille Barakat est séparée. Mohammed doit rester en Italie pour poursuivre son activité, alors que son épouse et l’enfant sont restés au Maroc.
Ce n’est pas la première fois que des Marocains ayant eu recours à la Kafala, essuient un revers pour le visa. En 2007, d’après le magazine Telquel citant Ai.Bi, un couple maroco-italien n’a pas pu obtenir le précieux sésame pour permettre à leur fils adoptif de voyager en Italie. Toujours selon Ai.Bi, « le dernier enfant pris sous Kafala est parti en 2003 ».
Pourtant, l’Italie devait reconnaître la Kafala avant le 5 juillet 2010, délai fixé par Conseil européen pour appliquer la convention de La Haye du 19 octobre 1996 sur la protection des enfants en danger. Ladite convention stipule en effet que l'intérêt suprême de l'enfant doit être primordial face aux difficultés rencontrées par le droit national dans le dialogue entre deux Etats. Il est indispensable de trouver un espace juridique commun dans le pays d'origine et de résidence des enfants. L’application de cet accord serait révolutionnaire, dans la mesure où il permettra de stopper le déchirement des milliers de familles.
La Kafala constitue la prise en charge d’un enfant, sa protection, son éducation et son entretien. Au Maroc, la Kafala est régie par la loi 15-01 relative à la prise en charge des enfants abandonnés, promulguée par le dahir N°1-02-172 du 1 rabii II 1423 (13 juin 2002). Elle ne donne pas droit à la filiation entre l’enfant et son « tuteur ni à l’héritage.
Source : Yabiladi