Les autorités mexicaines ont annoncé le lancement d'une enquête au niveau fédéral sur le massacre de 72 migrants dans un ranch du nord du pays, en raison des soupçons qui pèsent sur les trafiquants de drogue dans cette affaire.
Selon le porte-parole du gouvernement Alejandro Poire, l'implication d'un cartel de la drogue ferait de ce massacre un crime fédéral. Le gouvernement "poursuivra son assaut frontal contre ces organisations pour que des événements terribles comme ceux qui ont eu lieu cette semaine ne se répètent pas", a-t-il déclaré.
Par ailleurs, Luis Freddy Lala Pomavilla, un Equatorien de 18 ans, seul survivant du drame, a refusé l'offre de visa pour raisons humanitaires faite par le Mexique et préfère rentrer chez lui. Une fois que ses blessures au cou seront guéries, les autorités mexicaines se chargeront donc de le rapatrier, a-t-il précisé.
Lala a raconté comment quelque dix hommes, se présentant comme membre du gang des Zetas, avaient intercepté les migrants sur une route du Tamaulipas, avant de les kidnapper, de les transférer dans un ranch, de chercher à les enrôler comme passeurs, puis de les abattre lorsqu'ils ont refusé.
Pour l'heure, 34 des victimes ont été identifiées: 16 sont originaires du Honduras, 12 du Salvador, cinq du Guatemala et une du Brésil. Rares étaient ceux qui avaient des papiers d'identité sur eux. La police prélève donc des échantillons ADN sur les autres en espérant pouvoir les identifier de cette manière.
Du coup, au Honduras par exemple, des familles inquiètes se pressaient au ministère des Affaires étrangères, cherchant à obtenir des nouvelles de proches qu'ils pensaient au Mexique. Comme Maria Cruz, inquiète pour son fils Denis Moreno, 34 ans, qui l'a contactée pour la dernière fois depuis une ville sur la frontière mexicano-américaine. "J'espère qu'il n'est pas sur la liste", disait-elle à la télévision, en larmes.
Fabiana Carcamo, elle, racontait avoir eu la confirmation que son frère, Miguel Angel Carcamo, 40 ans, se trouvait parmi les victimes. Il avait quitté le Honduras le 3 août, avec l'espoir d'atteindre les Etats-Unis. Il laissait derrière lui, à El Guante, 60 km au nord de Tegucigalpa, quatre enfants âgé de quatre à 15 ans. "J'ai parlé à Miguel Angel le 3 août. Il m'a dit de ne pas pleurer, qu'il m'appellerait quand il serait arrivé là-bas et qu'il m'aiderait", se lamentait une autre de ses soeurs, Ana Cristina.
Le cartel des Zetas, constitué par d'anciens membres des forces spéciales de l'armée mexicaine, contrôle une bonne partie de l'Etat du Tamaulipas, dernière étape pour les migrants latino-américains cherchant à passer au Texas. Les Zetas, outre le trafic de drogue, se sont mis à pratiquer l'extorsion envers les migrants ou à les forcer de travailler comme passeurs.
Selon la Commissaire à l'Immigration Cecilia Romero, les agents mexicains ont secouru 2.750 migrants cette année, certains errant dans le désert, d'autres captifs des gangs. Rien que dans le Tamaulipas, 812 migrants qui avaient été kidnappés par les gangs ont été secourus, explique-t-elle.
La multiplication de ces dangers a commencé de décourager les candidats à l'émigration, et les chiffres ont commencé à chuter, a-t-elle ajouté.
Source : AP