hileas Fogg ne s’attendait pas à un pareil défi. Son tour du monde durait 80 jours, alors que cette nouvelle aventure ne dépasse pas quelques heures. En fait, le tour du monde remis au goût du jour n’est pas vraiment inspiré du roman de Jules Verne, mais d’une initiative humaine, celle de briser les frontières communautaires au sein d’une même ville. L’événement, qui aura lieu le samedi 13 et le dimanche 14 novembre à Dunkerque, connaîtra une participation marocaine massive. «Pour la communauté marocaine, c’est un moyen de promotion culturelle. Il montre que notre intégration dans les pays d’accueil, nous l’assumons avec notre spécificité culturelle et notre appartenance. C’est aussi l’affirmation que notre culture est une partie intégrante de la culture du territoire», explique Oussama Loukili, un ingénieur marocain responsable des relations internationales à l’AJS «Le bon emploi de la solidarité» qui organise cet événement.
L’idée de ce tour du monde trouve ses racines dans un concept adopté par la ville jumelle allemande de Dunkerque, Krefeld. Cette dernière organise, chaque année, une vaste opération interculturelle sous forme d’un voyage à travers les ruelles de la ville à la découverte des cultures étrangères présentes. Ce voyage vise à permettre aux habitants désireux de se confronter aux cultures étrangères présentes dans l’agglomération de se lancer dans un périple urbain ponctué par des arrêts dans les quartiers de la ville à la découverte de l’univers culturel des familles installées sur son sol. «L’objectif, c’est aussi montrer aux sceptiques un bon vivre ensemble, que l’autre est capable d’ouvrir chez soi et de partager sa culture», souligne Oussama Loukili en charge de cette action à Dunkerque.
La première édition, qui a eu lieu le 15 novembre 2009, a été animée par quatre familles qui ont répondu présent à l’appel de l’ONG (AJS) : une Marocaine, une Sénégalaise, une Comorienne, et une Algérienne. «Cette année, en plus de la famille marocaine, il y aura des familles congolaise, polonaise, sénégalaise, comorienne et flamande. Pour les voyageurs, les inscriptions sont ouvertes», indique au Soir échos, Oussama Loukili. Les personnes intéressées doivent s’inscrire à l’ONG pour retirer leur billet de voyage.
Concrètement, les familles représentent des escales de ce tour du monde. Chacune d’elles est libre d’organiser l’accueil et la visite des participants au tour du monde venus assouvir leur soif de connaître les traditions du pays. «L’an dernier, chez la famille marocaine, c’était le dépaysement total! Nous avons été accueillis dans un salon marocain décoré du sol au plafond. Les tables étaient garnies de toutes les saveurs», raconte l’AJS dans son rapport 2009. Les hôtes ont donné aux voyageurs un aperçu sur les villes marocaines, leurs caractéristiques, les différentes langues parlées, les traditions culinaires…
Aussi chaleureuses et accueillantes, toutes les familles ont ouvert les portes de leurs maisons, mais aussi celles de leur cœur. Une véritable réussite à laquelle contribuent de nombreux partenaires, dont Colibri, Fraternité tout Horizon, APAID et Artisans du Monde-Littoral. A présent que l’équipe a gagné son pari, elle aspire, à transformer ce tour du monde en un rendez-vous annuel.
Ce tour du monde est en fait une action inscrite à une autre beaucoup plus ancienne et plus large : la Semaine de la solidarité internationale (SSI). Selon l’AJS, c’est le rendez-vous national de sensibilisation à la solidarité internationale et au développement durable. Lancée depuis 1998, la troisième semaine de novembre, la SSI s’articule autour de plusieurs manifestations où débat et convivialité font bon ménage et pas seulement à Dunkerque, mais dans toute la France. L’AJS estime que ces manifestations ont un rôle à jouer contre les préjugés et les stéréotypes. «Elles permettent de dépasser nos idées reçues, d’échanger et de s’interroger sur ce que nous pouvons faire pour rendre ce monde plus solidaire, que ce soit à travers nos actes quotidiens les plus simples comme les plus engagés», explique l’AJS. D’après cette ONG, la SSI permet de les faire connaître et de sensibiliser les Français aux questions de solidarité internationale. Et pour cela, l’échange d’idées passe par les conférences, les spectacles, les ateliers pratiques et les loisirs qui sont au menu de la semaine.
Les organisateurs ont énormément misé sur la diversité du contenu du programme en y ajoutant également des projections, des expositions, des repas équitables et des marchés solidaires, entre autres.
La SSI devient tout simplement à Dunkerque un grand moment de rencontre et de découverte, un moyen de sensibilisation à la coopération internationale et au développement durable.
Source : Le Soir