L'économiste allemand Thilo Sarrazin, au coeur d'une polémique en Allemagne après des propos jugés racistes, exclut de créer un parti politique bien que ses thèses sur l'échec de l'intégration des musulmans semblent trouver écho parmi la population.
"Je n'ai jamais été un homme de premier rang et je ne le serai jamais", a affirmé Sarrazin dans l'hebdmadaire Focus diffusé samedi. "Je n'ai pas de parti en vue, j'ai des idées en vue. Avec elles on va parfois plus loin qu'avec des partis politiques", a assuré ce membre du Parti social-démocrate (SPD, opposition).
La Banque centrale allemande, dont il est un des membres du directoire, a réclamé jeudi son éviction après la publication d'un livre pamphlet dans lequel il tire à boulets rouges sur les musulmans qu'il accuse de refuser de s'intégrer en Allemagne.
La décision de le limoger ou pas de la Bundesbank revient maintenant au président fédéral, Christian Wulff.
Thilo Sarrazin, qui devrait également faire l'objet d'une procédure d'exclusion du SPD, est parfois comparé au leader du parti néerlandais anti-islam PVV, Geert Wilders.
Mais il réaffirme dans cet entretien à Focus qu'il ne veut pas quitter le SPD "car j'appartiens tout simplement" à ce parti, justifie-t-il. "Un catholique convaincu ne quitte pas l'Eglise catholique parce que le pape actuel ne lui plait pas".
L'Allemagne a jusqu'à présent été épargnée par les mouvements populistes ou xénophobes à la différence de certains de ses voisins comme les Pays-Bas, la France ou la Belgique. Mais certains experts mettent en garde contre la possibilité qu'un tel mouvement puisse voir le jour.
Or Thilo Sarrazin semble bénéficier d'un certain soutien auprès des Allemands. Le chef du SPD, Sigmar Gabriel, a reconnu mercredi qu'il avait reçu un grand nombre de messages de soutien à M. Sarrazin ces derniers jours de la part de la base du parti. M. Gabriel veut néanmoins exclure le provocateur.
Selon un sondage de la chaîne de télévision N-24, 51% des Allemands seraient opposés à son renvoi de la Bundesbank.
Source : Les Echos /AFP