Les contrats d'étrangers établis au Maroc ont enregistré une hausse sensible durant les cinq dernières années, passant de 6603 en 2005 à 9378 en 2009. Selon le directeur de l'emploi Mohamed Benreda, cette augmentation est expliquée, d'une part, par le foisonnement des investissements au Maroc et d'autre part, par le manque de quelques profils.
En fait, sur le plan juridique, les textes donnent la priorité aux nationaux. A l'exception des natifs et de quelques cas, la loi exige la production d'une attestation délivrée par l'Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (ANAPEC), certifiant l'absence de profils nationaux pour que les salariés étrangers occupent les postes proposés. Les entreprises qui n'appliquent pas cette loi se trouvent épinglées par les inspecteurs du travail. Mais, d'après M. Benreda, ces cas sont rares dans les grandes structures du secteur formel. Il s'agit principalement du secteur de la restauration dans lequel on a déjà retrouvé bon nombre de cas.
Il estime que l'insuffisance des compétences adéquates dans certains domaines pointus fait ressortir les besoins du pays en compétences étrangères nécessaires au développement de l'économie nationale.
Le ministère de l'Emploi a déjà fait son diagnostic sur le recrutement d'étrangers. La hausse constatée est fortement liée à l'arrivée au Maroc de nouveaux investisseurs et salariés étrangers, notamment dans les secteurs du BTP, l'hôtellerie, la restauration, l'automobile, l'aéronautique, l'offshoring, les grandes enseignes et les franchises. On note également l'expatriation d'ingénieurs et techniciens étrangers, notamment les Chinois, les Turcs et les ressortissants de certains pays arabes, par des multinationales adjudicataires de marchés publics. Ceux-ci portent sur la mise en œuvre de différents projets d'envergure nationale (autoroutes, viaducs, tunnels, infrastructure portuaire, centrale hydroélectrique, électrification, transport, prospection et forages pétroliers, télécommunications, cimenteries, raffinerie, complexes hôteliers…).
Les chiffres des six premiers mois de l'année en cours sont déjà établis. Durant le premier semestre de 2010, 4602 salariés étrangers ont été autorisés à exercer une profession salariée au Maroc. Il s'agit de 4391 contrats de travail pour une durée de plus de six mois, dont 1494 en premier établissement (1113 hommes et 381 femmes) et 2897 en renouvellement (2184 hommes et 713 femmes). On relève 211 contrats d'artiste, dont 65 en premier établissement (38 hommes et 27 femmes) et 146 en renouvellement (98 hommes et 48 femmes).
Les contrats visés concernent essentiellement des cadres supérieurs (tous secteurs confondus), provenant de l'Union européenne (2643 salariés), soit environ 60,19% de l'ensemble des salariés étrangers.
La France arrive en tête avec1529 salariés, suivie par la Chine (401) et la Turquie (208).
Il est à noter que plusieurs sociétés de ces deux derniers pays sont adjudicataires de marchés publics, notamment avec l'Administration des autoroutes du Maroc (ADM), l'Office national de l'électricité (ONE) et l'Office national des chemins de fer (ONCF), le secteur du ciment, etc.
Quant au nombre de contrats visés pour les salariés africains, il a atteint, pour la même période, 653 (soit 14,87% de l'ensemble des contrats visés), dont 314 contrats visés pour des salariés originaires des pays liés avec le Maroc par des conventions d'établissement : Algérie (126), S énég al (127), Tunisie (61).
Enfin, 82,9% du total des salariés étrangers sont âgés entre 20 ans et 49 ans. Le plus grand nombre de ces salariés exerce dans les grandes villes marocaines avec Casablanca en tête (48,33%), suivie de Rabat (13,28%), Marrakech (12,53%), Agadir (5,85%), Tanger (5,44%), Mohammedia (2,71%), El Jadida (2,57) et les autres villes (9,29%).
Dispositions juridiques
L'immigration des salariés étrangers est réglementée par le Chapitre V (emploi des salariés étrangers) de la loi n° 65.99, relative au Code du travail qui stipule dans son article 516 que «tout employeur désireux de recruter un salarié étranger doit obtenir une autorisation de l'autorité gouvernementale chargée du travail. Cette autorisation est accordée sous forme de visa apposé sur le contrat de travail ».
Le critère d'octroi du visa d'un contrat de travail d'étranger répond à un double objectif. Le premier a trait au souci de protéger la main-d'œuvre nationale contre toute concurrence que pourrait lui opposer celle étrangère à qualification professionnelle égale. Le deuxième vise à apporter une réponse aux besoins du pays en compétences étrangères nécessaires au développement de l'économie nationale.
Source : Le Matin