Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés appelle les autorités publiques à poursuivre la politique d'assistance et de protection en faveur des réfugiés.
La situation des réfugiés au Maroc est plus que jamais à l'ordre du jour, selon l'UNHCR. Johanes Van Der Klaw, représentant en titre, du Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés au Maroc, a tenu, après 5 ans d'exercice, à dresser, un bilan de la politique gouvernementale, en matière d'assistance et de protection aux réfugiés et demandeurs d'asile, en présence de la presse et des instances médiatiques.
Si le Maroc était un point de transit vers l'Europe, il est devenu par défaut, un pays d'accueil, pour un nombre croissant de migrants irréguliers et de demandeurs d'asile. Dans un contexte marqué par des flux migratoires mixtes constitués en majorité de population féminine et de mineurs non accompagnés, d'origine subsaharienne, «le Maroc est confronté à de nouveaux défis en matière de gestion de politique d'asile» a résumé Johanes Van Der Klaw. 10 000 migrants se trouvent aujourd'hui temporairement ou définitivement sur le sol marocain dont 800 ont acquis le statut de réfugiés politiques sous mandat du HCR. «Un chiffre peu important, eu égard aux 200 000 demandeurs d'asile en Afrique du Sud, sur une seule année» rassure, Marc Fawe, chargé des relations extérieures au HCR, non sans ajouter que «seules 10% de demandes d'asile sont acceptées au Maroc».
C'est du reste le Haut Commissariat qui, pour l'heure, procède à titre transitoire à la détermination du statut de réfugié ou de toute personne nécessitant une protection internationale, «en attendant que le Maroc soit en mesure de la faire», soulignent d'une même voix les différents membres présents du HCR. Car faut-il le rappeler, le Maroc, a ratifié la Convention de Genève de 1951, relative au statut des réfugiés et «il lui appartient de respecter ses engagements internationaux, jusqu'au bout», laisse entendre Johanes Van Der Klaw. Les objectifs stratégiques de l'UNHCR consistent, à cet égard, à accompagner le Maroc en l'aidant à renforcer le système de protection existant pour les demandeurs d'asile et les réfugiés, dans le cadre de ces flux migratoires.
«Le Décret royal, en vertu duquel la qualité de réfugié est reconnue, existe depuis 1957, mais il importait de le réactualiser», confie un des membres du HCR. Il s'agit en somme d'amener le Maroc à insérer la problématique des réfugiés dans une politique globale d'immigration et de se doter d'un cadre législatif et institutionnel ad hoc. Dorénavant, un titre est délivré aux réfugiés reconnus sous le mandat de l'UNHCR les protégeant ipso facto de la reconduite systématique aux frontières qui guettait tout migrant en situation illégale sur le territoire marocain. «Une avancée d'importance en faveur des réfugiés qui s'est faite non sans la précieuse collaboration des autorités gouvernementales», reconnaît Marc Fawe.
Mais pour autant, ces réfugiés ne sont pas tirés d'affaires. «Ils ne sont tolérés que dans la mesure où ils s'auto suffisent et notamment grâce aux activités génératrices de revenus mises en place avec l'aide de l'UNHCR» souligne Marc fawe. Plutôt modestes et souvent tirés du secteur informel, ces revenus permettent à peine aux réfugiés, notamment aux femmes de subvenir à une partie de leurs besoins. En réalité, les réfugiés restent exclus du marché du travail formel et fortement exposés aux aléas du pays hôte, en l'absence d'un statut légal et de l'attribution d'une carte de séjour par les autorités marocaines.
Pour remédier à ces situations de grande précarité vécues par les réfugiés, l'UNHCR, en collaboration avec la société civile, les ONG, milite auprès des autorités publiques pour la mise en place de solutions durables parmi lesquelles un vaste programme d'assistance permettant aux réfugiés d'avoir, au même titre que les nationaux, accès aux services sociaux de base en matière de santé et d'éducation. Cette politique que l'UNHCR voudrait voir appliquée par le Maroc de façon pleine et entière, conformément à ses engagements, devrait permettre aux réfugiés de s'intégrer dans le pays hôte et d'y vivre dignement dans le respect de leurs droits fondamentaux. Encore faudrait-il que le Maroc ait les moyens humains et économiques de sa politique de main tendue, là où les deux tiers des Marocains en sont privés !
Profil des réfugiés au Maroc
Fin août 2010, la population réfugiée était constituée de 760 personnes et de 511 cas de familles. Parmi eux, les enfants étaient au nombre de 200 (26%) dont 99 filles et 101 garçons et 131 des femmes adultes (17%). La tranche d'âge des 18-59 ans constitue le groupe le plus important parmi les réfugiés et demandeurs d'asile. La majorité des réfugiés étaient originaires de Côte d'Ivoire (36%), de République Démocratique du Congo (27%) et d'Iraq (22%). Elle se concentre dans les centres urbains essentiellement à Rabat/ Salé et à Casablanca. La majorité des réfugiés est francophone.
25.09.2010
Source : Le Matin