mercredi 3 juillet 2024 16:21

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Où en est le débat sur l'immigration en Europe

Avec la crise et la montée de l'extrême droite, la question de l'immigration et de l'intégration est plus où moins vive dans les différents pays européens.

En Allemagne

On compte un peu plus de 15 millions de personnes issues de l'immigration (sur les 82,1 millions d'habitants) ou de nationaux d'origine étrangère. Pourtant, malgré l'audience du pamphlet de Thilo Sarrazin ciblant les immigrés musulmans en août, l'audience des partis néonazis reste marginale et limitée à l'ex-RDA. Ce brûlot a néanmoins fait réagir le gouvernement qui a présenté un "programme d'intégration fédéral" début septembre. Le ministre de l'Intérieur a, en ce sens, proposé d'améliorer l'offre dans l'apprentissage de l'allemand pour les parents comme pour les enfants.

En 2007, Berlin avait déjà durci la législation sur les conditions d'entrée sur son territoire. Le texte fixait à 18 ans l'âge minimum pour rejoindre son conjoint, et la personne devait justifier d'une maitrise rudimentaire de l'allemand et de connaissances sur le pays avant de pouvoir accéder au territoire. Les cours d'intégration obligatoires avaient été renforcés.

En 2006, les autorités allemandes ont en revanche régularisé plusieurs milliers de demandeurs d'asile dont les dossiers avaient été rejetés mais qui ne pouvaient pas être expulsés pour diverses raisons. Ceux d'entre eux qui vivaient en Allemagne depuis au moins huit ans et qui pouvaient justifier d'un emploi ont obtenu un permis de résidence permanent.

De son côté, le ministère de l'Economie estime que le pays a besoin de travailleurs qualifiés, notamment 220 000 ingénieurs, biologistes et techniciens d'ici à 2014 pour faire face aux besoins croissants des entreprises.

En Italie

Depuis le vote, en 2009, du "paquet sécurité", le séjour illégal d'un citoyen non-ressortissant de l'Union européenne est devenu un délit puni d'une amende de 5000 à 10 000 euros, assortie d'une expulsion immédiate. Le séjour des clandestins dans les centres de rétention peut être prolongé jusqu'à six mois contre deux mois auparavant. Le projet a par ailleurs légalisé les rondes citoyennes voulues par le parti anti-immigrés de la Ligue du Nord, principal allié de Silvio Berlusconi. L'Italie compte 400 000 à 500 000 clandestins selon la communauté Sant’ Egidio.

Parallèlement, depuis l'accord bilatéral sur la régulation des flux migratoires signé en août 2008 avec Tripoli, les immigrés interceptés en mer sont systématiquement refoulés vers les côtes libyennes.

En revanche, le gouvernement a avalisé l'immigration des assistantes sans papiers qui prennent soin des personnes âgées. Faute d'une couverture sociale spécifique pour les personnes âgées non autonomes, les familles italiennes avaient en effet recours à des assistantes ukrainiennes, roumaines ou philippines.

Concernant les Roms, l'Italie, qui compte entre 120 000 et 140 000 Gitans sur son territoire, s'est engagée dans une campagne de démantèlement des camps illégaux similaire à celle de Paris. Silvio Berlusconi a d'ailleurs été le seul dirigeant européen à soutenir Nicolas Sarkozy au moment du contentieux avec la Commission européenne mi-septembre.

En Grande Bretagne

Pendant sa campagne électorale au printemps 2010, le Parti conservateur a promis de réduire le flux migratoire. Le premier ministre entend ramener le solde migratoire à "quelques dizaines de milliers de personnes", alors qu'il a, ces dernières années, systématiquement dépassé le seuil des 100 000, voire des 200 000. Il a néanmoins déclaré vouloir accélérer l'accès à la nationalité, ouverte à plus de 100 000 personnes par an.

Le patronat, qui dépend de la main d'œuvre bon marché que représentent les immigrés qualifiés issus de pays extérieurs à l'Union européenne, craint lui, de pâtir du plafonnement provisoire mis en place en juin. Cette politique entraînera, selon lui, des délocalisations.

Après l'élargissement de l'Union européenne en 2004, La Grande Bretagne, qui contrairement aux autres pays européens, a appliqué la liberté de séjour aux ressortissants communautaires, a connu une arrivée massive d'Européens de l'Est, en particulier de Polonais. Plus d'un million seraient entrés sur le territoire britannique. En 2009, des grèves sauvages contre l'emploi de main-d’œuvre étrangère s'étaient multipliées.

En Espagne

Madrid a, pendant ses années d'euphorie économique, accueilli à bras ouverts la main-d'oeuvre étrangère. En un peu plus de dix ans, le pays est passé de 500 000 à 5 millions d'immigrés pour une population de 46 millions d'habitants. L'an dernier, le gouvernement a mis en place un plan de retour pour les immigrés. En échange du billet de retour payé et du versement des allocations chômage, les candidats renoncent à leur titre de séjour pour une durée de cinq ans. Sur les 120 000 personnes visées par Madrid, seuls quelques milliers ont répondu à l'appel, dont une grande majorité d'Équatoriens.

En Autriche

En 2006, l'Autriche a décidé de maintenir ses restrictions aux ressortissants des 10 nouveaux pays membres de l'Union européenne jusqu'en 2009. L'accès à son marché du travail est soumis à l'obtention d'un permis.

Le gouvernement n'hésite pas à surfer sur la peur des étrangers. En 2009, des statistiques alarmantes sur les cambriolages ont été imputées à la perméabilité des frontières aux étrangers en provenance de l'Est et des Balkans. La ministre de l'Intérieur a justifié un projet d'amendement du droit d'asile par cette criminalité. Pourtant, le nombre de dossiers déposés est baisse depuis plusieurs années. En 2002, 40 000 demandes avaient été enregistrées, tandis qu'en 2008, moins de 13 000 personnes ont cherché refuge en Autriche.

En revanche, comme en Italie, l'Autriche a décidé, en 2008, de régulariser les aides à domicile, souvent originaires d'Europe de l'Est.

En Suisse

L'immigration est un chiffon rouge que le parti de l'Union démocratique du centre (UDC, populiste), agite régulièrement. La Suisse compte 21,9% d'étrangers mais la raison de ce pourcentage élevé tient en partie à l'absence d'un droit du sol.

En 2006, plus des deux tiers des électeurs ont entériné une loi sur l'asile, qui facilite les expulsions d'étrangers. De nombreux autres durcissements en matière de traitement des étrangers et de droit d'asile ont été mis en place ces dernières années. Par ailleurs, en novembre 2009, les Suisses ont accepté à 57,5% une initiative de l'UDC pour interdire la construction de nouveaux minarets sur le sol suisse. Déjà en 2007, l'UDC avait déjà sorti une affiche controversée, représentant un mouton noir bouté hors du drapeau suisse par des moutons blancs avec le slogan "Pour plus de sécurité".

Portugal

En mai 2009, Lisbonne, traditionnel pourvoyeur de main-d’œuvre, a annoncé une réduction de moitié de ses quotas d'immigration hors Union européenne. Le pays reste néanmoins, à la différence de ses voisins, relativement ouvert.

Le nombre d'étrangers a plus que doublé au cours des dix dernières années dans le contexte de l'essor du secteur du bâtiment. Cette accélération s'est accompagnée d'une forte diversification des pays d'origine. Alors que les immigrants provenaient autrefois essentiellement des anciennes colonies portugaises d'Afrique et du Brésil, une grande partie des immigrés de ces dix dernières années sont originaires d'Europe de l'Est et du Sud-est.

Grèce

Les travailleurs immigrés seraient environ un million, dont plus de la moitié en provenance d'Albanie, soit 10% de la population. L'augmentation de l'immigration s'est accrue à partir de 1990 et la chute des pays ex-socialistes des Balkans.

Fondée sur le droit du sang, la législation entrave l'insertion des étrangers. Pendant la campagne électorale de l'automne 2009, le Pasok a promis d'accorder la naturalisation aux émigrés de deuxième génération. Coïncidence? Les dernières élections ont renforcé l'extrême droite du Rassemblement populaire orthodoxe (Laos), qui a désormais quinze députés. Sa campagne électorale avait porté sur la lutte contre les migrants qui "menacent l'homogénéité de la Grèce".

Irlande

Dublin a également durci la législation sur les permis de travail, à compter du 1er juin. Dans les années 90, le "tigre celtique" en pleine expansion était devenu une terre d'immigration (les étrangers ont représenté jusqu'à 10% de la population) après avoir vu des générations entières fuir la misère pour tenter leur chance en Angleterre ou aux Etats-Unis. Depuis deux ans, le solde migratoire s'est de nouveau inversé.

Danemark

En janvier 2010, après la tentative de meurtre contre l'auteur en 2005 d'une caricature de Mahomet, par un Somalien lié à des réseaux terroristes, l'extrême droite a exigé un durcissement de la politique vis-à-vis des étrangers. Le Parti du peuple danois, qui soutient, depuis 2001, le gouvernement minoritaire libéral-conservateur a exigé des mesures pour expulser les personnes soupçonnées de terrorisme. La ministre libérale de l'Immigration a annoncé qu'elle ferait en sorte de faciliter l'expulsion des islamistes soupçonnés de * et proposé que les étrangers qui ne veulent pas s'intégrer obtiennent plus difficilement un permis de séjour.

Source : L’Express

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