L'artiste Charfi Benhelima expose ses photographies à la grande foire internationale de Marrakech Art Fair.
Il existe dans l'œuvre de Charif Benhalima une forte dimension de prospection autobiographique et un fait significatif dès lors qu'on sait que cet artiste belge n'as pratiquement pas eu connaissance de son passé familial et de son enfance. Le père de Charif Benhelima, travailleur immigré marocain, est effectivement expulsé de Belgique alors que son fils n'as que trois ans et disparait de sa vie, tandis que sa mère décède durant sa huitième année.
Le défaut originel de racines solides, la place laissée vacante par l'absence parentale force le trait d'une quête identitaire placée sous le signe de la singularité.
C'est par la photographie que s'est accéléré ce processus, et la rencontre avec ce médium trouve chez lui une résonance particulière. Diplômé de l'Institut Saint-Lukas de Bruxelles (1990-1995), Charif Benhlima entame sa carrière par un travail long de neuf ans intitulé "Welcome To Belgium" (1990-2000).
Constituée de quatre séries photographiques et de textes autographes, cette œuvre documente le réel économique des expatriés en Belgique. Au-delà de l'aspect éminemment politique, on y trouve les éléments fondamentaux qui orientent les recherches de Charif Benhlima, la relation tenue à sa propre biographie, la mémoire et son effacement, la construction de l'information au sein d'un réel dont la complexité tend à nous échapper.
"Welcom to Belgium" précède un séjour du photographe à New York, où il obtient un diplôme de l'International Center Of Photography et s'applique à transporter sa technique documentaire pour dépeindre les changements inhérents à l'embourgeoisement du quartier de Harlem à travers les traces de son passé.
En 2003, il réalise le projet Sémites où il définit lui-même comme un «faux document», traitant des populations d'Afrique du Nord dans les capitales européennes.
Dans "Black Out" ( 2005), le voile qui enveloppe les sujets photographiés empêche la possibilité d'une perception limpide, mais les objets restent nommables. Sa dernière intitulée "Roots I", débutée en 2008, pousse plus loin encore cette réflexion sur ce qui peut être discerné et met en jeu des plantes comme une possible représentation des racines de l'artiste.
En plus d'expositions personnelles et collectives en Belgique, aux Etats-Unis, en Afrique du Sud et aux Pays-Bas, le travail de Charif Benhlima a fait l'objet de publications d'ouvrages sur ses trois premières séries .
Source : Le Matin