Deux expositions se tiendront simultanément du 2 au 30 décembre à la Villa des Arts de Casablanca et du 9 au 30 décembre à la Villa des Arts de Rabat.
Et c'est cette longue histoire d'amour pour les arts qui sera racontée en œuvres à travers une exposition rétrospective qui se tiendra simultanément du 2 au 30 décembre à la Villa des Arts de Casablanca et du 9 au 30 décembre à la Villa des Arts de Rabat.
A l'origine de cette manifestation de grande envergure, la Fondation ONA et le Conseil de la Communauté marocaine à l'Etranger (CCME). Exceptionnelle, cette exposition réunira les œuvres qui ont marqué le parcours de cet artiste hors pair. Vivant entre Narbonne et Paris, André ElBaz expose rarement au Maroc. De plus, jamais auparavant l'artiste n'avait montré quelque 250 œuvres couvrant plus d'un demi-siècle d'une carrière dédiée aux arts plastiques. Œuvre picturale, graphique ou collages…tous feront découvrir au public la cohérence interne du parcours de celui qui est sans conteste l'un des précurseurs de la peinture marocaine contemporaine. Artiste nomade, plasticien pluridisciplinaire, explorateur engagé des affrontements entre cris et silence, ombre et lumière, André Elbaz nous présente une œuvre riche et forte, viscéralement tournée vers l'Autre.
Aziz Daki explique dans ses écrits « «Cette œuvre est essentielle dans la jeune histoire des arts plastiques au Maroc. André Elbaz a toujours laissé une fenêtre ouverte sur la figuration. Son œuvre est irréductible à l'étiquetage. Cette liberté en fait un artiste difficile à domicilier dans une grille de lecture. L'un de ceux qui nous tiennent en éveil et qu'il faut constamment suivre pour ne pas rater une partie essentielle de leur art. »
Ce n'est donc pas pour rien que ses œuvres seront partagées entre deux villes pour que chacune raconte une partie de son histoire si riche et si profonde. Ainsi, Rabat dévoilera les travaux de jeunesse et les œuvres de maturité d'André Elbaz.
Ce sont les créations signées en 1955 et 1986. On cite parmi elles les Collages, les premières toiles abstraites, le thème dit du «retournement de l'histoire» et son travail de « war artist ». Casablanca, elle, affichera les travaux à base de fibre végétale qui auront une place prépondérante. La série des Villes orientales et celle des Musiciens feront contrepoint aux œuvres très puissantes que sont les œuvres «exécutées», les urnes, les lacérations et les anamorphoses.
Cette exposition ne passera pas anodine puisqu'elle sera marquée par la sortie d'un livre dédié à André Elbaz. Au fil des années de création et de créativité, ce peintre qui a inscrit en lettres d'or son nom dans les annales des arts plastiques marocains partagera son expérience en lettres également. Un livre intitulé « Tu en verras de toutes les couleurs…. Parcours d'un précurseur de la peinture contemporaine au Maroc » a été publié par les éditions La Croisée des Chemins. Il comporte le récit du vécu d'André Elbaz et de ses expériences partagées avec d'autres artistes marocains.
Cette rétrospective constitue assurément l'un des moments les plus forts de la rentrée artistique au Maroc. Elle s'accompagne de plusieurs conférences programmées à Rabat et Casablanca.
Un artiste voyageur
André Elbaz est né en 1934 à El Jadida. Troisième enfant d'une famille de sept personnes, il est le premier Marocain de confession juive à exercer la peinture en professionnel. À l'âge de vingt ans, il introduit des papiers collés dans ses œuvres graphiques.
De 1957 à 1961, André s'inscrit à l'école des Beaux Arts de Paris (atelier Pierre Eugène Clairin) et s'installe à Montmartre. Il retourne au Maroc où il rejoint Farid Bekahia, pour enseigner, de 1962 à 1963, la peinture, le dessin et l'histoire de l'art à Casablanca. La première exposition personnelle d'Elbaz est un triomphe. La vigueur de son trait, la nouveauté de son monde de représentations lui valent un succès total à Oxford : il vend tout. Elbaz se rend à New York chez le très célèbre Léo Castelli. André Elbaz voyage beaucoup, notamment au Canada où il est représenté par deux galeries : à Montréal et à Ottawa. Un prestigieux atelier le fixe toutefois à Paris.
Source : Le Matin