Le ministre grec chargé de la politique d'immigration Yannis Mouzalas a démenti mercredi soir avoir réclamé un "plan B" de l'Union européenne (UE) au cas où la Turquie dénoncerait l'accord qui a permis de réduire le flux migratoire vers l'Europe.
Ce démenti intervient quelques heures après que Bild eut publié un entretien avec M. Mouzalas où, selon la traduction en allemand de ses propos, le ministre aurait dit: "Nous sommes très préoccupés, nous avons besoin dans tous les cas d'un plan B".
"Le ministre dément la traduction de ses propos par Bild", a indiqué un communiqué ministériel, qui publie les réponses du ministre au journal en grec.
Selon ce communiqué, interrogé par Bild au sujet "du besoin d'un plan B au cas où la Turquie renoncerait à l'accord avec l'UE", le ministre a répondu: "La Grèce est engagée dans l'accord UE-Turquie, qui dépend à la fois du soutien de l'UE et de l'obligation de la Turquie de le respecter".
"Evidemment nous suivons la situation, et évidemment nous sommes inquiets mais jusqu'ici le nombre de personnes qui arrivent sur les îles grecques n'indique pas que l'accord n'est pas respecté", a ajouté le ministre.
La Grèce a été en 2015 la principale porte d'entrée des réfugiés et migrants cherchant l'asile dans l'UE.
Athènes craint qu'un échec de l'accord conclu le 18 mars entre les Européens et les Turcs n'entraîne la reprise des arrivées massives de réfugiés, notamment sur les îles proches des côtes turques.
Le pouvoir turc, en pleine dérive autoritaire après un coup d'Etat manqué, menace de faire capoter cet accord si l'UE ne supprime pas les visas pour les Turcs souhaitant voyager en Europe.
Berlin a jusqu'ici rejeté l'idée d'un "plan B".
Mais Bärbel Kofler, chargée des questions de Droits de l'Homme auprès du gouvernement allemand, a réclamé mercredi "un réexamen" de cet accord "à la lumière des évolutions actuelles en Turquie".
"L'accord présuppose l'existence d'un Etat de droit de tous les côtés, en Turquie actuellement ce n'est pas le cas", a-t-elle indiqué dans un entretien à un groupe de journaux régionaux.
"Il y a beaucoup de choses dans cet accord qui ne fonctionnent pas", a également critiqué la responsable sociale-démocrate, évoquant notamment le très faible nombre de Syriens accueillis en Europe dans le cadre de cet accord.
M. Mouzalas pour sa part a enjoint à ses pairs européens d'accueillir des migrants. "Les réfugiés doivent être équitablement répartis dans tous les pays de l'UE, et pas seulement dans certains", a-t-il plaidé. Certains pays traînent des pieds pour ouvrir leurs portes tandis que d'autres, en Europe de l'Est, refusent carrément d'en recevoir malgré les engagements pris par l'UE.
L'an dernier des centaines de milliers de migrants ont traversé la mer Egée dans des conditions dramatiques et périlleuses pour rejoindre la Grèce. Les îles grecques, notamment Lesbos, se sont retrouvées débordées par cet afflux malgré la solidarité des habitants et la présence de nombreuses ONG.
L'Union européenne, emmenée par l'Allemagne, et Ankara avaient finalement trouvé une entente prévoyant notamment le renvoi des Syriens vers la Turquie. Cet accord, dénoncé par les organisations de défense des droits de l'Homme, a eu un effet dissuasif: le nombre d'arrivées de migrants a considérablement chuté depuis la mise en place de l'accord le 20 mars.
03/08/2016
Source : AFP