lundi 25 novembre 2024 02:46

Algériens à l’étranger : Les transferts d’argent ont régressé en 2015

Au moment où les fonds des émigrés algériens sont « convoités » pour contribuer à l'emprunt obligataire, par lequel le gouvernement compte suppléer au déclin des recettes budgétaires afin de faire face aux besoins jugés incompressibles de la dépense publique, et au moment aussi où le gouvernement avait « entrevu » la formule de vente de logements promotionnels aux émigrés, destinés à être payés en devises, un bilan des transferts de l'argent des ressortissants algériens à l'étranger fait état d'un recul par rapport à 2014.

En effet, pour l’année 2015, une source financière affirme que les Algériens résidant à l’étranger ont transféré quelque 1,5 milliards de dollars alors que le montant des transferts pour l’année 2014 était évalué à 1,85 milliards de dollars.

En tous cas, avec les transferts de cette année, de l’année dernière ou de toute la période passée, le transfert de l’argent des émigrés algériens est l’un des plus faibles et les moins « formalisés » par rapport à toutes les communautés étrangères installées dans les pays industrialisés, principalement l’Europe et l’Amérique du Nord. Autrement dit, les transferts monétaires prennent majoritairement les canaux de l’informel, alimentant les marchés « boursiers » du Square Port Saïd, El Eulma, Tizi-Ouzou, Oran etc.

L’Etat n’a jamais conçu de système crédible à même d’attirer les avoirs en devises de nos compatriotes installés à l’étranger. Contrairement à certains pays, dont pourtant les moyens sont limités, l’Algérie ne dispose pas d’agences bancaires dans les pays où vit, en forte proportion, la communauté algérienne. Le gouvernement n’a commencé à mesurer le potentiel de devises que représente la communauté émigrée que lorsque les caisses de l’Etat ont montré des signes d’asthénie suite au recul des recettes pétrolières, à partir de juillet 2014. La première idée par laquelle le gouvernement a tenté de canaliser une partie de ces avoirs a été la formule de la vente de logements promotionnels, financés par l’Etat, aux émigrés. Ces logements sont censés être payés en euro, en dollars ou en livre sterling. Cependant, au bout de quelques mois, le ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, montra sa réticence.

En effet, en septembre 2015, le ministre a rappelé que « lors de la dernière campagne présidentielle, il y avait des déclarations sur l’initiative prise par le gouvernement [de construire des logements spécialement pour les Algériens établis à l’étranger] ». Il dira que cette initiative « qui est toujours valable », pose beaucoup de problèmes. Il fera savoir qu’une commission ministérielle, qui compte 17 représentants de ministères et de banques, avait été installée en 2013 dans le but de trouver une formule convenant à la communauté établie à l’étranger. Mais, peu après, le nombre de demandes de logements déposés par les algériens de l’étranger a poussé le gouvernement à « prendre tout son temps pour le réaliser » et ce, en raison du trop grand nombre de demandes exprimées par les concernés. Jusqu’en 2015, quelque 500.000 dossiers d’acquisition de logements auraient été déposés par des Algériens établis à l’étranger.

En tous cas, ce « flop » qui a grevé la relation entre le ministère de l’Habitat avec la communauté algérienne établie à l’étranger, illustre à lui seul la distance qui sépare les intérêts des Algériens établis à l’étranger par rapport aux institutions officielles de leur pays d’origine. La non-convertibilité du dinar algérien, la valeur de l’échange bancaire (euro/dinar) jugé « artificiellement bas » par les émigrés et ce, par rapport aux places des cambistes informels, ainsi que les retards de modernisation du système bancaire algérien, lequel n’offre aucune formule profitable de canalisation/transferts de flux de devises, sont, d’après les analystes de la scène financière nationale, des facteurs qui ont favorisé les voies informelles de transfert de devises.

Cela se passe au moment où les transferts des Marocains et Tunisiens établis à l’étranger sont en nette croissance, et au moment aussi où les Algériens résidant dans les pays d’Europe, au Canada et au USA sont en train d’accéder à des postes de travail importants, assurant des revenus supérieurs aux émigrés des première et deuxième génération, comme ils commencent à s’installer en chefs d’entreprises et patrons de grandes sociétés dans des pays étrangers.

21.08.2016, Amar Naït Messaoud

Source : impact24.info

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