lundi 25 novembre 2024 14:15

Ban Ki-moon: l'anxiété prétexte à la discrimination et l'exclusion

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déploré qu'une "anxiété croissante" dans les pays développés serve de "prétexte à des politiques de discrimination et d'exclusion", mardi devant le Conseil de l'Europe à Strasbourg.

"Dans bien des pays développés, immigration et récession économique suscitent une anxiété croissante, qui, de plus en plus, sert de prétexte à des politiques de discrimination et d'exclusion", a affirmé M. Ban, lors d'une célébration marquant le 60e anniversaire de la convention européenne des droits de l'homme.

Aujourd'hui, "le schisme entre l'Est et l'Ouest a été remplacé par une fracture de plus en plus marquée entre le Nord et le Sud. Les droits civils et politiques reculent, l'engagement en faveur du droit au développement social et économique manque de vigueur".

"Quand on parle de droits de l'homme, il ne devrait y avoir aucune sélectivité. Les droits de l'homme ne sont pas un menu dans lequel on peut picorer", a martelé M. Ban.

Il a déploré que cela soit le cas même "dans des pays démocratiques qui choisissent de ne pas ratifier certaines conventions internationales, ou de réinterpréter des conventions auxquelles ils ont souscrit". Ainsi, "vingt ans après son adoption, aucun des grands pays d'Europe n'a signé ou ratifié la convention sur les droits des travailleurs migrants et leurs familles".

Le secrétaire général s'est félicité de l'initiative prise par le Conseil de l'Europe d'une réunion "à haut niveau" avec l'UE mercredi à Strasbourg pour "discuter de l'intégration des Roms en Europe".

"Sans interventions fermes de la justice, nous ne ferons jamais cesser les violations des droits de l'homme qui sont commises dans l'est de la République démocratique du Congo, et notamment le recours au viol comme arme de guerre", a-t-il dit, rendant hommage à l'action de la justice internationale, et notamment à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH, qui dépend du Conseil de l'Europe). "Si les tribunaux nationaux ne peuvent s'occuper de ces crimes, alors la communauté internationale doit intervenir", a-t-il souligné.

"Les droits de l'homme pour tous, ce n'est pas un rêve impossible. On ne devrait même pas en parler comme d'un +rêve+", a-t-il conclu.

"Il reste de nombreux défis" en matière de droits de l'Homme et "les pays démocratiques doivent donner l'exemple", a ensuite relevé M. Ban lors d'une conférence de presse.

"Je ne suis pas là pour montrer du doigt un pays plus qu'un autre mais dans la réalité quotidienne, il n'y a pas de paradis pour les droits de l'Homme sur terre", a regretté le numéro un de l'ONU.

Le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjoern Jagland, a convenu qu'il restait "beaucoup de problèmes à régler" en matière de droits de l'Homme dans certains des 47 pays de cette organisation paneuropéenne, "et pas seulement dans les nouvelles démocraties". "Nous devons balayer devant notre propre porte", a-t-il dit.

Cette cérémonie a été marquée par un incident, une huissière ayant empêché les photographes de presse de pénétrer dans l'hémicycle du Conseil de l'Europe, faute d'avoir selon elle reçu des instructions en ce sens.

Source : Romandie/AFP

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