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Debout-Payé, roman détonnant sur la vie de vigile

Percutant comme un rap, Debout-Payé, premier roman de l'Ivoirien Armand Gauz, dépeint d'une plume acérée et jubilatoire les servitudes du métier de vigile tout en décortiquant les travers grotesques de la société de consommation et les trois âges de l'immigration africaine.

Paru fin août aux éditions du Nouvel Attila avec un tirage initial modeste de 4 000 exemplaires, Debout-Payé a conquis la critique et les lecteurs: le livre en est déjà à son troisième retirage et totalise à ce jour 11 000 exemplaires, se félicite l'éditeur.

Véritable épopée

Cet ouvrage de 176 pages raconte une véritable épopée, celle d'Ossiri, étudiant ivoirien devenu vigile après avoir atterri sans papiers en France en 1990. Son histoire est ponctuée par des interludes ubuesques: les choses vues et entendues par l'auteur lorsqu'il travaillait comme vigile dans des magasins des Champs-Elysées et de la Bastille. «Si elle se libérait aujourd'hui, la Bastille libèrerait des milliers de prisonniers de la consommation».

Un portrait drôle, profond et sans concession des sociétés française et africaine, et un témoignage inédit de ce que voient et ressentent les vigiles sous leur carapace.

Le narrateur est fils et petit-fils de vigile. Une lignée de Debout-Payés, de surveillants presque invisibles aux yeux des clients. Le vigile? Un homme payé - au Smic quand il a des papiers - pour rester debout. Un métier qui consiste à donner une impression de sécurité. C'est un job «qui semble exclusivement réservé aux noirs à Paris parce qu'ils ont le physique pour ça. Parce qu'ils font peur», dit-il.

«Dilution pigmentaire, ironise encore Gauz. Plus on s'éloigne de Paris, plus la peau des vigiles éclaircit vers le beur. En province, loin, loin dans la France profonde, il y a même des endroits où il paraît qu'il y a des vigiles blancs.»

Regard sur la France

Debout-Payé, c'est aussi l'histoire politique d'un immigré et du regard qu'il porte sur la France, à travers l'évolution du métier de vigile depuis les années 1960 (la Françafrique triomphante) à l'après 11-Septembre, l'ère de la paranoïa.

De son vrai nom Armand Patrick Gbaka-Brédé, Gauz, diplômé en biochimie et un temps sans-papiers, a exercé nombre de petits boulots. L'auteur est aussi photographe, documentariste et directeur d'un journal économique satirique en Côte d'Ivoire. Il a également écrit le scénario d'un film sur l'immigration des jeunes Ivoiriens, Après l'océan.

19 septembre 2014

Source : journaldemontreal

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